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L’ÉDUCATION PLATONICIENNE



I. — Le système.

On peut être disposé à ne voir, dans la République de Platon, que les rêves et les utopies d’un merveilleux écrivain ; mais, si l’esprit le plus prévenu consent à réfléchir, il fera bien vite une exception, sinon pour tout ce qui y concerne l’éducation, au moins pour le programme d’enseignement développé au livre VII.

Tout d’abord, il est clair, en thèse générale, que le hardi réformateur ne propose aucun changement essentiel dans la nature de l’instruction donné de son temps[1], ni même aucune révolution radicale du système d’éducation suivi dans la patrie hellène. Ce qu’il a surtout en vue, c’est de soumettre ce système à des règles précises, de l’adapter à la constitution politique de l’État qu’il rêve, enfin de communiquer à l’enseignement les tendances de son esprit. Mais en ce qui concerne, par exemple, la fixation des âges pour les diverses instructions à donner, il n’a aucun motif pour rompre en visière avec les coutumes établies, et tout semble bien indiquer qu’il s’y conforme en principe.

En second lieu, une discussion spéciale est de même inutile pour établir que, sur ces matières, les idées de Platon ont été définitivement arrêtées de très bonne heure. Si, comme le pensent aujourd’hui les critiques les plus autorisés[2], — et nous apporterons un nouvel argument à l’appui de leur thèse — si, dis-je, la République a été un des premiers écrits du disciple de Socrate, si d’autre part, comme il est incontestable, les Lois ont couronné sa carrière, d’un dialogue à l’autre, nous n’apercevons aucune contradiction ; le second précise les détails du système d’éducation, mais en suivant rigoureusement le plan général tracé dans le premier. Ils peuvent donc, disons mieux, ils doivent sur ce sujet être complétés l’un par l’autre, sans qu’il y ait de distinction à faire entre les deux sources.

  1. Cf. Civitas, II, 376 e : Τίς οὖν παιδεία ; ἢ χαλεπὸν εὑρεῖν βελτίω τῆς ὑπὸ τοῦ πολλοῦ χρόνου εὑρημένης ;
  2. Notamment Gustav Teichmüller, Ueber die Reihenfolge der Platonischen Dialoge. Leipzig, 1879. Voir Revue philosophique, mai 1880, p. 391.