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h. lachelier. — théorie de la connaissance.

-mêmes de la Substance matérielle, l’activité et la constance[1]. Ces « axiomes du concept de Substance[2] » sont donc comme le premier des postulats de l’intuition. Leur nécessité est une nécessité d’intuition.

Les axiomes physiques s’obtiennent par la même méthode que les axiomes de la substance. La science, après les avoir déterminés d’abord par généralisation des données de l’expérience, démontre ensuite qu’il est impossible à la Pensée de ne pas les admettre, sans tomber en contradiction avec les formes intuitives et avec ses propres principes logiques et elle le fait en les rattachant aux axiomes de la substance. Ainsi l’expérience a d’abord conduit à la découverte de l’axiome de la « Constance de la somme des forces actives et des forces potentielles », mais M. Wundt démontre que cet axiome est un axiome nécessaire, dont la nécessité résulte immédiatement de celle des propriétés fondamentales non hypothétiques de la substance, si l’on y ajoute le concept de force, fourni, lui-même, par l’application de la Causalité à la Substance[3]. Or les propriétés de la Substance qui servent de base aux axiomes physiques (simplicité, activité, constance) dérivent elles-mêmes des propriétés fondamentales de l’Espace. De sorte qu’en dernière analyse, c’est la nécessité et l’évidence des formes de l’intuition qui, grâce à la nécessité des lois logiques, se retrouvent dans la connaissance humaine tout entière. Les prémisses d’où la science doit déduire un jour toutes les lois de la nature sont, en effet, des axiomes pour ainsi dire intuitifs, car ils résultent de l’application des concepts de Temps et d’Espace à un certain nombre de concepts hypothétiques, conformément aux lois logiques. Ils possèdent donc une évidence et une nécessité d’intuition empruntée, par l’entremise du Principe de Raison, aux propriétés du Temps et de l’Espace. Les propriétés du Temps et de l’Espace sont, il est vrai, des faits d’expérience, mais les plus généraux de tous, et leur valeur est en réalité celle de conditions de toute représentation. La propriété de l’Espace d’avoir trois dimensions, par exemple, est un fait d’expérience, qui n’a pas une nécessité logique. Ce fait d’expérience n’en a pas moins la valeur d’un postulat évident et nécessaire que nous croyons pouvoir imposer à toute expérience et qui nous fait rejeter, comme une absurdité indigne d’examen, l’hypothèse d’une quatrième dimension de l’Espace. Ce

  1. Wirksamheit und Beharrlichkeit.
  2. Axiome des Substanz Begriffs.
  3. Nous sommes obligés de passer très rapidement sur cette partie de la théorie de M. Wundt, dont l’exposition détaillée nous entraînerait beaucoup trop loin. Nous renvoyons à la Logique, 6e partie, ch. II, 4.