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Alexis Meinong : Humestudien. Ire partie : Essai sur l’histoire et la critique du nominalisme moderne. Vienne, Gerold, 1877. E. Pfieiderer, l’auteur d’une intéressante étude sur Hume (L’empirisme et le scepticisme dans la philosophie de David Hume), s’attache surtout ici à défendre son propre ouvrage contre les malentendus ou les critiques de Meinong. Il ne croit pas avoir exagéré l’influence de Berkeley sur la théorie que Hume nous a laissée de l’abstraction. En tout cas, il n’aurait fait que commenter le mot de Hume lui-même, qui considérait la proposition où Berkeley affirme que toutes les idées générales ne sont que des idées particulières comme « une des plus belles découvertes qui aient été faites en ces derniers temps dans la république des sciences ». Pfleiderer conteste également qu’il n’ait pas su voir les défauts de la doctrine de Hume, et se déclare sur ce point beaucoup plus d’accord avec Meinong que ce dernier ne paraît le croire.

Guyau : La morale anglaise contemporaine. Lasson fait grand cas de ce livre, et ne trouve guère à lui reprocher que ses complaisances pour la doctrine évolutioniste. Quand on parle aussi éloquemment que l’auteur de la destinée morale de l’homme et de la prééminence de la raison, on ne devrait pas admettre facilement que la conscience humaine n’est qu’un développement supérieur de l’intelligence et des instincts de l’animal ; ni surtout présenter la théorie de la descendance comme une doctrine « presque certaine ». Lasson se plaint encore des ménagements que garde Guyau envers la morale utilitaire. Les principes de l’association des idées, de l’évolution et de la sélection, qui semblent plaider en faveur de l’utilitarisme, sont loin d’être des vérités aussi incontestables que le croit Guyau. Ni la théorie associationiste du mécanisme psychique, ni la prétendue évolution de la sensibilité à la raison, ni la réduction de tous les motifs d’action à l’intérêt qu’enseigne la sélection ne sont p as encore, grâce à Dieu, des vérités incontestées.

Le problème logique, à propos des écrits de C. Sigwart : W. Schuppe. J. Bergmann (Article d’Ulrici). Ulciri est d’accord avec Sigwart pour faire reposer la connaissance logique sur un principe moral. L’esprit ne tend à l’unité logique de la connaissance que comme à une fin qu’il s’est posé librement. C’est avec raison que Sigwart soutient que les lois logiques sont des lois à priori de la pensée ; ou encore que l’induction n’est qu’un dérivé de la déduction. La logique de Schuppe repose sur la confusion de la logique et de la théorie de la connaissance, qu’Ulrici a déjà essayé de dissiper dans un précédent écrit. Bergmann a tort d’appeler la logique l’art de penser, et s’enveloppe trop souvent dans une obscurité impénétrable.

Le Propriétaire-Gérant,
Germer Baillière.