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h. spencer. — de l’organisation politique en général.

système social sous lequel un souverain, un chef subordonné, un chef de clan ou de maison, un fonctionnaire, une personne quelconque possédant, le pouvoir donné par le rang ou la propriété, cède en mourant sa place à son descendant, d’après une règle de succession reconnue, est un système dans lequel il va de soi que les jeunes gens et même les gens d’âge moyen sont exclus de la conduite des affaires. De même aussi, lorsqu’un système industriel est tel que le fils, habituellement dressé aux affaires de son père, prend sa place quand il meurt, il s’ensuit que la puissance régulative des plus âgés sur les opérations de production et de distribution n’est guère, si jamais, limitée par la puissance des plus jeunes. Or chaque jour nous apporte la preuve que l’accroissement de rigidité de l’organisation, nécessitée par la marche de l’évolution, produit dans l’âge avancé une augmentation de la force de l’habitude et l’aversion pour le changement. D’où il résulte que la succession aux places et fonctions en vertu de l’hérédité, entraînant comme conséquence nécessaire le monopole du pouvoir par les plus âgés, implique la prédominance de l’esprit conservateur ; et cet esprit assure encore davantage le maintien des choses comme elles sont.

Par contre, le changement social est facile dans la mesure où les positions et les fonctions peuvent dépendre de qualités personnelles. Lorsque la loi ni la coutume n’empêchent les hommes appartenant à une classe de s’installer dans une autre, ceux-ci, en le faisant, portent un coup direct à la séparation des rangs ; ils en portent encore un indirect en ce qu’ils conservent leurs relations de famille dans une classe et en nouent de nouvelles dans l’autre ; de plus, les idées et les sentiments dominants dans les deux classes, auparavant plus ou moins différents, réagissent les uns sur les autres et modifient les caractères des membres de ces classes. Pareillement si, entre les subdivisions des classes productives et distributives, rien n’empêche le passage de l’une à l’autre, plus ces passages seront nombreux, plus les influences physiques et mentales qui suivent le mélange réciproque auront pour effet d’altérer le caractère des unités de ces subdivisions, en même temps qu’elles opposent un obstacle perpétuel à l’établissement de différences de nature, causées par des différences de fonction. Cet échange d’unités d’une classe à l’autre ou d’un groupe à l’autre, doit néanmoins, en somme, dépendre de l’aptitude des individus pour leurs nouvelles situations et leurs nouvelles fonctions. L’intrusion ne réussira d’ordinaire que lorsque les intrus auront des aptitudes plus qu’ordinaires pour les affaires qu’ils entreprennent. Ceux qui désertent les positions ou