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notices bibliographiques

trouver la théorie désormais classique des quatre méthodes inductives de Stuart Mill.

L’auteur donne à la philosophie un triple objet, l’homme, Dieu et les vérités éternelles ; il voit en elle une science spéciale et non une manifestation de l’esprit humain, distincte aussi bien de la science que de la religion et des arts. En psychologie, il continue à admettre la vieille théorie des facultés de l’âme. Peu de chose sur les sensations. La classification des faits intellectuels en opérations intellectuelles, facultés spontanées (mémoire, imagination et association des idées) et facultés cognitives (perception externe, interne et raison) nous semble un peu artificielle. L’ordre accoutumé qui rejette l’étude d’opérations presque toujours réfléchies et savantes, comme l’abstraction, la généralisation, le raisonnement, après celle de la perception extérieure, nous parait aussi préférable à celui que l’auteur a adopté. La théorie anglaise des lois de contiguïté et de ressemblance permettrait de simplifier notablement le chapitre de l’association des idées. Dans celui de la perception extérieure, l’auteur rompt décidément avec la doctrine écossaise et éclectique de la perception immédiate, et, sans se laisser effrayer par la banale accusation de scepticisme, il admet la relativité de la connaissance du monde extérieur. On remarquera dans les chapitres consacrés à la raison, à la liberté et à l’évidence un effort visible pour éviter les thèses trop absolues qui présenteraient ces trois faits de la nature humaine comme impersonnels, invariables, indépendants de toute condition empirique ou subjective. Dans la morale, notons une discussion consciencieuse du droit de propriété. En revanche, le chapitre consacré à l’État est bien court.

Malgré les critiques de détail que nous lui avons adressées, cet ouvrage sera consulté avec profit par les élèves, avec intérêt par les professeurs.

E. B.

Rudolf Eucken. — Ueber Bilder und Gleichnisse in der Philosophie (Sur les images et les comparaisons dans la philosophie). Leipzig, Veit et Comp., 1880.

Cet opuscule peut être considéré comme le complément du livre de M. Rudolt Eucken sur la Terminologie philosophique, dont nous avons rendu compte dans cette Revue (nov. 1879). S’il n’a ni la même étendue ni la même importance, il n’offre pas moins un réel et vif intérêt. Composé comme l’ouvrage principal, au point de vue historique et critique plutôt que théorique, il doit fixer l’attention de quiconque se préoccupe de la part très grande qui revient au langage ou au mode d’expression dans la marche et le progrès des idées philosophiques. Dans l’article consacré au livre de M. Eucken, nous n’avons pas craint d’être démenti