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DE LA FORMATION


DE LA NOTION D’ESPACE[1]



LA THÉORIE DES SIGNES LOCAUX

Bien des questions se pressent relativement à l’origine de nos notions d’espace, et la plupart sont peu faciles à résoudre. Nulle part, plus que sur ce terrain, on ne trouverait d’hypothèses sans fondement et par elles-mêmes inadmissibles ; nulle part ailleurs on n’a si souvent confondu la solution du problème avec ses données. Nous n’espérons pas beaucoup changer pour l’avenir cet état de choses ; nous nous risquons cependant à présenter quelques considérations générales, qui serviront peut-être à détourner de chemins impraticables et sans issue les chercheurs d’explications. Nous réserverons aux discussions spéciales tout ce que nous ne regardons que comme des hypothèses vraisemblables, et nous ne nous occuperons d’abord que de ce que nous considérons comme maxime indispensable de recherche.

Il faudrait en être resté au génie enfantin des premiers âges pour parler encore d’images, qui, se détachant des objets extérieurs, pénètrent dans l’âme par la porte des sens. Nous savons maintenant que tout ce qui est hors de nous reste hors de nous, et que les impressions qui en émanent ne peuvent que déterminer l’âme à puiser dans le fond de sa propre nature les sensations qui répondront à leur appel. Si cela est vrai des qualités simples que nous croyons voir dans les choses extérieures, c’est encore plus vrai des relations dans l’espace que nous attribuons à ces choses.

Nous n’examinerons pas ici les raisons de métaphysique, qui

  1. Cet article, dont l’idée principale se trouve déjà dans le second livre de la Psychologie médicale de M. Lotze, a été spécialement écrit pour la Revue philosophique. C’est donc véritablement une œuvre nouvelle et originale. (Note de la Direction.)