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lotze. — sur la formation de la notion d’espace

plus près de l’orangé que du vert. Il en est de même de l’espace. Nous n’en avons pas d’abord l’intuition vide, pour y disposer ensuite les images de ce qui peut faire impression sur nous ; mais réagissant, selon les lois de notre nature, contre* les excitations déjà subies, nous commençons par localiser une impression près d’une autre , en imaginant une ligne , qu’on peut appeler élément de l’espace futur, mais non pas une ligne dans l’espace, car cet espace entier, dans lequel elle pourrait être tracée, n’existe pas encore. C’est plus tard, en observant ce que nous avons fait ou ce qui s’est fait en nous, que nous nous apercevons de la possibilité de réunir deux de ces lignes, , par deux autres et , et continuant ces observations, nous acquérons la conviction que cette possibilité de combiner, de lier des points donnés n’a pas de borne ; alors est formée l’intuition de l’espace infini ; c’est le résultat de la combinaison des réactions élémentaires innées dans l’âme, et lui appartenant, comme on dit, a priori.

H. Lotze.