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En un mot, la portée transcendantale de l’a priori est affirmée par de Witte au sens de l’idéalisme absolu.

— Suivent les analyses, par le Dr Lasson, de deux traités de philosophie pratique. Le premier, d’un herbartien, R. Landmann, se fait remarquer par sa fidélité aux principes de l’école, et par certaines conséquences paradoxales, comme l’interdiction de s’adonner à la pêche, de pratiquer des vivisections, ou encore de manger de la viande, sauf dans le cas d’extrême nécessité. — Le second, par A. Steudel, est un traité de morale eudémoniste, qui paraît manquer d’originalité, où les problèmes ne sont pas approfondis, et où les solutions semblent toutes empruntées à un optimisme superficiel.

Critique de la raison pure : nouvelle édition par Kehrbach. (Leipzig. 1877).

Vaihinger recommande cette nouvelle édition. Tous ceux qui étudient Kant, et que les débats engagés depuis dix ans, autour du texte de la Critique de la raison pure, obligent d’y recourir journellement, ne savent comment se reconnaître au milieu des sept éditions qui en ont paru jusqu’ici : celles de 1781 et de 1787, du vivant de Kant ; celle de 1838 par Rosenkranz et Schubert ; les trois données successivement en 1838, en 1853 et en 1867 par Hartenstein ; la 7e, celle de 1868, par Kirchmann. Le D. Kehrbach a conçu le plan ingénieux d’une édition où chaque page renvoie par des indications sûres aux pages correspondantes des sept éditions précédentes. Quelques heureuses corrections de texte viennent ajouter à l’intérêt de ce travail consciencieux, que la modération du prix rend encore plus appréciable.

Conséquences philosophiques de la théorie de révolution par G. V. Gizycki (Leipzig. Winter, 1877). Gizycki a le premier tort de considérer l’hypothèse de l’évolution, et sous la forme même que lui a donnée Darwin, comme une vérité absolument démontrée. Il va même jusqu’à déclarer que « l’humanité jusqu’à Darwin était presque au niveau des peuples actuellement barbares. » Gizycki examine les conséquences philosophiques du darwinisme en psychologie, sur la théorie de la connaissance, en morale et en religion, soit pour les justifier, soit pour les atténuer. Il se défend d’être matérialiste, et déclare que « le but suprême de l’existence, c’est l’indépendance et la perfection de la vue spirituelle » ; mais il ne nous dit pas en quoi elles consistent. Il croit, avec Dubois-Reymond, que le darwinisme concilie l’empirisme et le rationalisme, en expliquant les idées innées par l’hérédité, comme si ce n’était pas là une solution exclusivement empirique. En morale, il déclare qu’il faut éviter tout ce qui est contraire à la nature ; mais on voudrait qu’il définit ce qu’il entend par la nature. Sa morale se fonde, en résumé, sur le plaisir, et méconnaît l’impératif catégorique. Gizycki nie qu’une force organique agisse au fond des êtres vivants ; on se demande ce que devient alors le principe de l’évolution. Il soutient pourtant que le darwinisme conduit à la téléologie absolue, dont le fondement n’est autre que la reconnaissance d’un principe d’unité