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des traits et le caractère. On en doute généralement si peu, du reste, que quand on voit un individu pour la première fois on hésite rarement à déclarer, d’après son simple aspect, qu’il possède telle ou telle qualité, tel ou tel défaut, qu’il est par exemple bon ou méchant, vaniteux ou modeste, franc ou dissimulé, etc. Le plus souvent on ne se trompe que parce qu’on ne s’est occupé que d’une qualité ou d’un défaut isolé. Tous s’influençant réciproquement, c’est leur résultante finale qu’il fallait chercher.

Quant aux indications tirées de la forme de la tête, il semble que depuis l’insuccès des tentatives de localisation de Gall, les anthropologistes aient craint de hasarder un seul mot ayant trait aux indications relatives au caractère que l’on pourrait tirer de la forme du crâne. Les plus hardis admettent bien, avec le savant professeur Broca, que le développement de la partie antérieure de la tête correspond au développement de l’intelligence et le développement de la partie postérieure à celui des instincts, mais je n’en connais pas qui ose aller plus loin dans leurs écrits. Tout en reconnaissant que la plupart des localisations tentées par Gall et ses disciples sont tout à fait sans valeur, je crois qu’une étude sérieuse des rapports qui existent entre la forme du crâne et telle ou telle disposition du caractère, étude faite avec des instruments précis sur un grand nombre de sujets, conduirait à des résultats curieux. Un nombre d’observations déjà élevé m’a conduit, par exemple, à reconnaître que la saillie du frontal, immédiatement au-dessus des sourcils, se rencontre généralement chez les individus doués d’une grande aptitude aux représentations mentales vives, et pouvant par suite se représenter nettement par la pensée les individus ou les objets qu’ils ont vus un petit nombre de fois. Il est difficile d’être un peintre habile sans cette aptitude. J’ai remarqué encore que le développement de la région latérale moyenne du frontal, développement qui a pour résultat de donner à la tête vue de face l’aspect d’un triangle à sommet renversé, se rencontre habituellement chez les sujets doués d’une imagination constructive puissante ; que le développement du frontal en hauteur, ce qui a pour résultat de donner à la tête une certaine élévation, se rencontre surtout chez des personnes qui éprouvent le besoin de vénérer, besoin de vénération qui peut porter sur une divinité ou un grand homme quelconque ; que le développement latéral des pariétaux, qui élargit considérablement la tête en arrière et au-dessus des oreilles, se rencontre habituellement chez les sujets très-prudents, etc., etc.

Bien d’autres facteurs que la physionomie, la forme de la tête, la démarche doivent être étudiés pour arriver à se faire une idée exacte