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VARIÉTÉS



LES INTERPRÈTES ITALIENS
DE PIETRO POMPONAZZI


Pietro Pomponazzi, né à Mantoue en 1462, mort à Bologne en 1525, est un des penseurs les plus originaux de la Renaissance et fut le plus célèbre peut-être de tous ces grands professeurs qui, sous le couvert de la tradition péripatéticienne, maintinrent pendant des siècles le droit de la libre spéculation dans les écoles de Padoue et de Bologne. Sa gloire, à vrai dire, ne lui a point survécu : d’autres noms, ceux de Galilée, de Léonard de Vinci, représentent maintenant à nos yeux l’esprit de science et de progrès du xvie siècle italien. C’est du changement de méthode, amené par le triomphe de l’école expérimentale, que devait dater l’âge moderne, et non d’une transformation — si profonde qu’elle pût être — de l’ancienne métaphysique. On comprend pourtant aujourd’hui qu’on ne peut songer à rejeter dans l’oubli toutes les solutions avortées, sous prétexte qu’elles n’ont rien à nous apprendre ; l’inanité de la tentative ne diminue point l’intérêt historique qui s’attache à toute forme singulière du travail de l’esprit. La qualification de « Scolastique » ne suffirait pas davantage à justifier le dédain de cette étude. D’abord, s’il est vrai que les Pomponazzi, les Zabarella, les Cremonini ne sauraient être considérés comme des génies créateurs, puisqu’ils ne cessèrent jamais d’admettre l’autorité d’Aristote comme le critérium suprême de la vérité philosophique, — il faut se garder également de voir en eux de simples commentateurs attachés à la poursuite de l’idée qui se cache dans un texte. L’esprit n’abdique jamais tout à fait ; volontaire ou non, le contre-sens est toujours là pour servir de refuge à la liberté. — Mais de plus, ne peut-on pas