Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, IV.djvu/663

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
653
ANALYSES. — herzen.Cos’è la Fisiologia ?.

finalement. La méthode de cette science est l’observation et l’expérience. Il cite ensuite les découvertes les plus retentissantes de la physiologie dues à l’emploi de cette méthode, et demande que l’on compte dans le nombre la découverte des fonctions de la rate par Schiff. La nature prépare, il est vrai, des expériences au physiologiste, quand elle lui présente certaines lésions, certaines altérations des organes ; mais ces cas, bien que fort instructifs, ne laissent pas aussi facilement saisir la cause que les troubles artificiellement provoqués. Les troubles spontanés appartiennent à la pathologie ; la physiologie n’étudie que la vie normale de l’individu.

Qu’est-ce que la vie ? Elle est caractérisée tout d’abord par les échanges incessants dont l’organisme est le théâtre. L’organisme ne crée rien, ni force, ni matière, il se borne à modifier les substances et les impulsions que le milieu lui prête, et qu’il rend au milieu, après une incorporation momentanée. On a constaté sans peine cet échange en ce qui concerne la matière, facilement saisissable à son entrée et à sa sortie, et mesurée par la balance. Mais il ne faudrait pas croire que la loi d’échange s’applique moins rigoureusement à la force, parce que la force est intangible et échappe à nos instruments soit à l’entrée soit à la sortie de l’organisme. La confusion qui règne encore dans la science à cet égard vient de ce que, l’homme étant pour cet ordre de phénomènes intérieurs à la fois sujet et objet, juge et partie, on a cru pouvoir employer la méthode déductive. L’emploi de l’induction, la seule méthode physiologique, conduit aux résultats suivants.

La pensée ne peut se produire que comme un cas de la loi générale de l’équivalence des forces. Seulement les forces physiques en pénétrant dans l’organisme, entrent dans un nouveau milieu qui leur fait subir sans les détruire, ni les augmenter, une transformation spéciale. C’est le système nerveux et particulièrement le cerveau qui est chargé de ces combinaisons et modifications dynamiques. Rien ne se passe dans la pensée qui ne soit simultanément représenté dans le cerveau par un état moléculaire déterminé. Quand la science sera assez avancée on pourra déduire de l’état cérébral l’état mental correspondant, et, réciproquement, de l’état mental l’état cérébral. Le parallélisme de l’un et de l’autre groupe de phénomènes se manifeste par les variations simultanées que font subir à l’un et à l’autre les causes physiologiques ou pathologiques. Les premières variations sont lentes ; par exemple, l’avènement progressif d’une conscience nouvelle accompagne, au moment de la puberté, l’entrée en fonctions d’un nouvel ensemble d’organes. Les changements pathologiques sont d’ordinaire plus rapides : tels sont les troubles causés par les altérations dans la nutrition dès centres nerveux, et qui engendrent les hallucinations ou la folie générale suivant que les centres sensoriels ou les centres supérieurs sont atteints. Plus rapides encore sont les altérations produites par les substances toxiques. Mais non-seulement les variations des deux groupes de phénomènes sont simultanées ; leur disparition l’est aussi. M. Herzen