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toute la philosophie, d’autres travaillent à la constituer en science humaine, indépendante de toute conception religieuse. Enfin d’autres, lui appliquant la méthode des sciences positives, recueillant et interprétant les faits actuels ou passés, cherchent à lui donner une base naturelle, à titre de condition d’existence de toute société.

Les sciences de la nature, organique ou organisée, suggèrent des théories générales qui sont pour nous du plus haut intérêt et qui entrent directement dans le domaine de la philosophie. Il suffit de rappeler à cet égard les discussions incessantes auxquelles le principe de la corrélation des forces et l’hypothèse de l’évolution donnent lieu et, dans un ordre plus restreint, les théories chimiques et les diverses conceptions de la vie.

Enfin, au delà de ces diverses spéculations qui toutes reposent à divers degrés sur l’expérience, la métaphysique, niée par les uns, posée à titre de simple possibilité par les autres, ne désespère pas d’atteindre le but et ne cesse de s’affirmer par des essais qu’aucun échec ne lasse. La Revue lui garde une place, car elle ne fait pas profession d’empirisme pur ; mais aux métaphysiciens eux-mêmes elle demandera des faits, étant bien persuadée que nulle part on ne peut se passer de l’expérience et que là où elle manque, il n’y a plus que des arguties de logique, des créations imaginaires ou des effusions mystiques.

Nous comptons aussi publier des études nouvelles sur l’histoire de la philosophie, en employant la méthode de critique rigoureuse qui tend à prévaloir de plus en plus dans les travaux historiques. Malgré les nombreux ouvrages qui ont paru en France depuis un demi-siècle, il reste beaucoup de questions à reprendre dans l’évolution de la pensée humaine, depuis les premiers essais de la philosophie grecque, que les orientalistes nous ont mis à même aujourd’hui de mieux comprendre, jusqu’aux systèmes du siècle dernier, comme ceux de Berkeley et de Hume, que les spéculations les plus récentes contribuent à éclairer.

Tel est l’ensemble des questions auxquelles la Revue consacrera soit des articles originaux, soit des comptes-rendus et des analyses. Nous espérons que le lecteur, quelque opinion qu’il professe, y trouvera du profit. Souvent, pour notre part, nous avons été frappés de ce fait que, tandis qu’un physiologiste n’oserait rependre un problème avant de s’être assimilé l’œuvre de ses devanciers ; tandis