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de l’art. Notre choix s’est fixé d’abord sur les écrits des deux philosophes qui, au jugement des esprits les plus éclairés, ont donné de l’art et de la science dont il est l’objet, l’idée la plus haute et la plus vraie, idée aujourd’hui généralement acceptée[1] [2].

Nous voudrions aujourd’hui reprendre cette tâche. Et, d’abord, comme préambule à des études plus spéciales nous nous proposons de jeter un coup d’œil sur l’ensemble des œuvres les plus dignes d’attention qui ont paru en Allemagne depuis Hegel sur cette branche de la philosophie. Nous ne pouvons, dans cet article, que marquer le caractère général et la suite de ces travaux, nous réservant ensuite de les étudier chacun en particulier d’une façon plus approfondie et plus en détail. Notre but aujourd’hui est surtout de faire saisir le mouvement qu’a suivi cette science depuis l’apparition du dernier grand système qui a influé sur elle et lui a donné une direction nouvelle comme à toutes les formes principales de la pensée humaine. Nous essaierons aussi de marquer sa situation présente et les conditions pour elle d’un développement ultérieur. C’est ce qu’on ne peut faire qu’en constatant ses derniers résultats et en indiquant ses tendances nouvelles, en signalant ses besoins et ses lacunes sentis par les esprits sérieux les plus distingués, qui aujourd’hui s’occupent de cette science et s’efforcent de la perfectionner.


I


C’est à l’école hégélienne que nous devons d’abord nous adresser. Elle a suivi, dans cette direction, avec ardeur et non sans succès, l’impulsion féconde qui lui avait été donnée. C’est dans son sein ou à côté d’elle, sous une inspiration commune, qu’ont été exécutées les œuvres les plus nombreuses et les plus importantes. Il faut bien le reconnaître, — et c’est ce qui prouve la vitalité de ce système, — ce n’est pas du tout servilement que cette science a été cultivée par les disciples ou les continuateurs de Hegel. Sauf les écrits destinés à populariser les résultats généraux et dont nous aurons aussi plus tard à parler, les ouvrages marquants de cette école, soit sur l’ensemble

  1. Schelling, Écrits philosophiques. Leçons sur la méthode des Études académiques ; Discours sur les arts du dessin. — Dante sous le rapport philosophique, etc. 1 vol. in-8. — Hegel, Cours d’Esthétique, 2e édition, 2 vol. in-8. Germer-Baillière, 1875.
  2. Dans notre introduction à la 2e édition de l’Esthétique de Hegel, 1875, nous avons indiqué la suite et les progrès de cette science depuis Baumgarten jusqu’à Hegel. Voyez aussi notre Bibliographie de l’Esthétique allemande, à la suite de cette introduction.