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deux spéciales et deux générales : 1o l’histoire de la théorie de l’art chez les anciens d’Edouard Muller[1] ; 2o l’histoire de l’esthétique en Allemagne par H. Lotze[2] ; 3o l’histoire de l’esthétique comme science par Robert Zimmermann[3] ; 4o et l’histoire critique de l’esthétique pour servir de base à la philosophie du beau et de l’art par Max Schasler[4]. — Malgré ce qu’elles ont de commun, elles offrent un caractère très-différent que nous devons indiquer.

1o Celle d’Ed. Muller, outre qu’elle est restreinte, malgré ses mérites distingués, est la moins philosophique. L’auteur y fait connaître d’une manière exacte et avec intelligence, les théories sur l’art qui se sont produites dans l’antiquité. Mais il les juge à peine ; on reconnaît un érudit très-versé dans la connaissance de la littérature ancienne. Même dans son exposé se révèle le faible de sa critique. Pour en donner une idée, il consacre presque autant de pages à Aristophane qu’à Platon ; il trouve dans les Grenouilles toute une théorie de la tragédie et de la comédie. Pour faire connaître les théories d’Aristote, il débute par son principe de l’imitation et n’arrive que fort tard à nous dire ce que le philosophe pense du beau et de l’art en général. Son livre n’en a pas moins un grand mérite, il est semé de réflexions judicieuses et d’une grande sagacité ; mais c’est l’œuvre d’un savant et d’un érudit plus que d’un esprit philosophique.

2o L’histoire de l’esthétique allemande par M. H. Lotze est toute différente. Entreprise, comme on sait, à l’invitation du roi de Bavière, pour faire partie d’un ensemble de publications ayant pour but de retracer la marche des sciences, des arts et des lettres en Allemagne depuis le commencement du siècle, elle participe de son origine comme œuvre de commande imposée à un esprit indépendant qui a ses vues propres et tient à ne pas perdre l’occasion de les émettre. Ce n’est donc pas une histoire. On regrette, au moins, que l’auteur, qui occupe une place distinguée dans la science et la philosophie allemande, n’ait pas fait preuve, dans ce livre, d’une critique plus nette, plus précise, plus fermement accentuée, qu’il ait employé un langage souvent vague, indécis, enveloppé de formules et de réserves diplomatiques propres à ménager les écrivains dont il fait connaître les théories et les systèmes. Mais le défaut capital de son livre c’est le plan ou la division générale qu’il a cru devoir adopter. La

  1. Geschichte der Theorie der Kunst bei den Alten. Breslau, 1854.
  2. Geschichte der Æsthetik in Deustschland, 1858.
  3. Geschichte der Æsthetik als philosophische Wissenschaft. Vienne, 1858.
  4. Kritische Geschichte der Æsthetik ; Grundlegung für die Æsthetik. Berlin, 1872.