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celles qui n’ont pas commencé ensemble, changeraient ensemble ; ainsi celle qui aurait commencé la veille du jour où finit la période, changerait donc le lendemain avec toutes les autres. »

Nous avons à préciser le sens qu’Aristote attribue au texte de Platon, et à discuter jusqu’à quel point ce sens est admissible.

La période de Platon a, pour Aristote, un cours déterminé ; elle commence et finit à jour préfix ; cette interprétation est la première qui se présente à l’esprit, et le suffrage du Stagirite est certainement considérable.

Mais dans ce cas, il est difficile de comprendre que cette période ne soit pas conçue et présentée comme astronomique ; que d’autre part Platon déclare impossible la constatation effective de son influence, constatation à laquelle il semble qu’une série d’expériences et de recherches historiques rationnellement conduites, mènerait infailliblement.

Nous croyons enfin que les termes περιτροπαὶ ἑκάστοις κύκλων περιφοπὰς ξυνάπτωσι s’expliquent mieux en admettant l’hypothèse de périodes commençant à la naissance de chacun des deux époux ; l’opportunité de leur union consisterait alors dans la concordance de certaines époques des deux périodes respectives.

D’un autre côté, Aristote admet que la fin de chaque période amène infailliblement une révolution, ce qui conduit à supposer que la durée de la période doit avoir une valeur relativement considérable. Nous avons déjà rejeté ces conclusions. Supposons, par exemple, que la période de Platon soit la période astronomique la plus courte, le mois lunaire, qu’il admette, comme le faisait Hésiode (Travaux et jours), des jours heureux et malheureux pour la génération des garçons et des filles ainsi que pour les mariages, et que ces jours ne soient pas observés, il s’écoulera encore un laps de temps considérable avant qu’il y ait probabilité suffisante de ne pas trouver parmi les enfants de sa République qui naîtront néanmoins bien doués, le nombre nécessaire pour remplir les fonctions de gardiens. Aristote a donc exagéré à plaisir les conséquences du dogme qu’il attribuait à Platon.

Arrivons enfin à ce que nous pouvons tirer de la citation pour l’intelligence du « locus mathematicus » proprement dit.

Nous avons donné le texte grec de l’endroit où Aristote reproduit un membre de la phrase de Platon, en y ajoutant une sorte de glose.

Rien ne prouve qu’il ait eu la parfaite intelligence du passage, mais il devait avoir quelques lumières, fournies par la tradition prochaine, et quoique ce qu’il dise soit pour nous à peu près aussi obscur que