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auparavant, mesura d’une manière précise le temps que l’action nerveuse met à parcourir une longueur de nerf déterminée. Il excitait le nerf dans le voisinage du muscle qu’il fait contracter et notait le temps écoulé entre l’excitation et la contraction. Puis, recommençant l’expérience sur un point du nerf plus éloigné du muscle, il constatait un retard : le temps écoulé entre l’excitation et la contraction était plus long. Ce retard permettait de calculer la vitesse de l’agent nerveux.

Les expériences de Helmholtz ont été reprises par divers savants, Dubois-Reymond, Marey, Hirsch, Schelske, Jaager, Baxt, etc., etc., qui, simplifiant les premiers appareils employés, ont étudié le fait de la vitesse nerveuse dans les conditions les plus diverses et ont appliqué leurs recherches aux nerfs sensoriels aussi bien qu’aux nerfs moteurs[1].

Ces expériences n’étaient qu’un acheminement vers le problème qui nous occupe : mesurer la durée des actes psychiques. Elles faisaient plus, cependant, qu’indiquer la route : elles fournissaient un calcul des éléments essentiels. Qu’on remarque bien, en effet, les conditions de l’expérience. Un homme perçoit une sensation et l’indique par une réaction, c’est-à-dire par un mouvement. La sensation, moment initial, et le mouvement, moment final, sont seuls accessibles à nos moyens de mesure. Il s’écoule entre les deux un certain temps dont une partie est consacrée à la transmission nerveuse centripète, une autre à la transmission nerveuse centrifuge. Ces deux durées étant connues, la durée de l’acte psychique proprement dit, de la perception, devient plus facilement accessible à la mesure.

La mesure directe de cette durée fut essayée vers 1861 par divers expérimentateurs dont le principal est Donders. Il remarqua d’abord que le temps physiologique, c’est-à-dire l’intervalle qui s’écoule entre l’excitation et le signal de réaction, varie selon les excitations employées. Si l’on produit une impression tactile, en piquant la main à l’aide d’une bobine d’induction, la réaction a lieu après 1/7 de seconde. Si l’impression est auditive, il faut 1/6 de seconde. Enfin pour une impression visuelle, la durée augmente encore et s’élève à 1/5 de seconde. Pour déterminer d’une manière précise la durée de l’acte psychique seul (perception et volition consécutive), déduction faite du temps nécessaire à la transmission nerveuse, Donders et Jaager

  1. On trouvera un résumé des résultats obtenus dans la dernière édition de Hermann : Grundiss der Physiologie des Menschen. 5e éd. Berlin, 1874, p. 304-305. Hermann admet comme le chiffre moyen vrai de la vitesse de transmission dans les nerfs sensoriels de l’homme 33m 9 par seconde.