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H. TAINE. — ACQUISITION DU LANGAGE.

peinture des sauvages, déformation volontaire du nez, des oreilles, des lèvres, etc.), à la fabrication des premiers outils (haches en silex, bâtons pointus, etc. ; un singe se sert d’une pierre ou d’un bâton, mais ne sait pas les transformer pour les approprier à un usage). Si l’on cherche la condition psychologique de cette supériorité, on la trouvera dans une plus grande aptitude aux idées générales. Si l’on en cherche la condition physiologique, on la trouvera dans un développement plus grand et dans une structure plus fine de l’encéphale. La preuve en est que, si cette double condition manque, l’homme ne peut plus acquérir le langage ni les talents distinctifs dont on a parlé ; il s’arrête au-dessous de l’échelon humain ; c’est le cas pour les crétins, les idiots, et, en général, pour les encéphales enrayés dans le cours de leur développement ou dont le poids n’atteint pas mille grammes.

H. Taine.