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léon dumont.de l’habitude

individus, mais au sein même des individus entre leurs fonctions, leurs actes et les éléments de leur organisation. Dans les faits que nous venons d’exposer, la sélection s’exerce au moyen d’une lutte intime de ce genre.

Mais la « survivance du plus apte » joue aussi un rôle dans l’accoutumance et l’acclimatement. Quand la même influence du milieu a imposé à un certain nombre d’individus de la même espèce, un changement semblable, celui qui, en vertu de sa variabilité propre, a le mieux réussi à reconstituer l’harmonie de ses fonctions plus ou moins troublées, obtient un avantage dans la lutte pour l’existence sur ses semblables moins souples, moins favorisés par les circonstances, ou n’ayant que des forces disponibles insuffisantes ; il en résulte que la forme contractée par lui a plus de chance de devenir héréditaire, de devenir un des caractères de l’espèce.

Quelquefois l’organisme succombe avant que l’équilibre ait eu le temps de se rétablir. C’est pourquoi les changements brusques et violents sont difficilement supportés, tandis que les transformations lentes, graduelles, sont à peine aperçues. D’autres fois, l’adaptation reste impossible malgré tous les efforts de l’organisme. C’est ainsi que la race humaine ne peut s’acclimater dans le Bengale de manière à s’y reproduire ; c’est ainsi que certains animaux, tels que l’âne, meurent dans les pays très-froids.

La plupart des maladies contagieuses, épidémiques, ont une tendance à devenir de moins en moins graves, parce que la sélection fait de plus en plus prédominer dans l’espèce les conditions qui permettent le mieux à l’individu de supporter la maladie et de s’en guérir. Non-seulement ces maladies deviennent moins graves, mais elles tendent à s’éteindre, parce que les individus doués d’immunité à leur égard, sur lesquels le virus ou le miasme n’ont pas d’action, ont un avantage dans la lutte pour l’existence et par conséquent se reproduisent davantage en transmettant leur immunité à leurs descendants. Malheureusement, tandis que certaines maladies sont en voie de diminution, on en voit apparaître de nouvelles.


IX


Dans les rapports d’adaptation qui unissent des séries entières ou des groupes de phénomènes, il se produit très-souvent un fait remarquable dont nous avons déjà parlé à l’occasion de l’inconscience, mais au sujet duquel nous avons encore quelques observations à