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lachelier. — théorie du syllogisme

figure, si elle en avait une, résiderait plutôt dans les deux derniers modes, Fapesmo et Frisesomorum : on ne peut pas dire, en effet, que ces modes ne diffèrent de Ferio que par la conclusion, puisque les prémisses sont elles-mêmes toutes différentes, et que la conclusion, qui est une particulière négative, ne peut être, ni contraposée, ni convertie. Mais c’est ici dans les prémisses elles-mêmes que la pensée renverse l’ordre apparent des termes et des propositions : la majeure, universelle ou particulière, « Tout A, ou quelque A, est B » devient la mineure particulière « quelque B est A » ; la mineure universelle « nul C n’est A » devient la majeure, également universelle, « nul A n’est C » : et la conclusion « quelque B n’est pas C » n’est plus alors que le résultat direct d’un syllogisme en Ferio. Les partisans de la quatrième figure sont, du reste, les premiers à l’entendre ainsi : car, non seulement ils avouent que l’ordre des termes et des propositions doit être interverti par la pensée, mais ils transposent effectivement les prémisses, et changent, en conséquence, Fapesmo et Fesapo et Frisesomorum en Fresison. On peut donc disputer sur les noms, mais tout le monde est d’accord sur les choses : Baralipton, Celantes et Dabitis sont des modes de la première figure, à conclusion renversée ; Fapesmo et Frisesomorum sont des modes renversés ou rétrogrades de la première figure.

Il est d’ailleurs facile de prouver que le syllogisme a trois figures essentiellement distinctes et ne peut en avoir que trois. Toute démonstration logique a pour but d’établir qu’un attribut existe, ou n’existe pas, dans un sujet, ou plutôt, comme ce sujet ne peut être conçu lui-même que sous un attribut, qu’un attribut coexiste, ou ne coexiste pas, avec un autre, dans un sujet réel. Or le rapport de ces deux attributs ne peut être établi qu’à l’aide d’un moyen terme : et ce moyen terme est nécessairement, ou un troisième attribut, ou le sujet même, dans lequel l’un des attributs donnés coïncide ou ne coïncide pas avec l’autre. Comme le sujet, dans ce dernier cas, doit

    Baralip, Calentes et Dibatis : mais les symboles de Hamilton me paraissent préférables. Supposons, en effet, que, dans le mode Celantes, on place, avec les partisans de la quatrième figure, les prémisses dans l’ordre suivant :

    Tout C est A :
    Nul A n’est B :

    on sera toujours obligé, pour démontrer ce mode, de transposer les prémisses, au moins par la pensée, et de revenir à l’ordre de la première figure :

    Nul A n’est B :
    Tout C est A :

    et, puisque la transposition des prémisses est indiquée par la lettre m, le nouveau nom de ce mode doit être Calemes, et non Calentes. Les partisans de la quatrième figure doivent donc introduire dans le nom des trois premiers modes l’m qu’ils suppriment dans le nom des deux derniers.