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penhauer le sujet et l’objet ne sont tous les deux que des produits similaires des phénomènes subjectifs, pour ainsi dire les deux pôles inséparables de la représentation consciente. Ainsi compris, ils ne peuvent exercer l’un sur l’autre aucune influence, ni aucune action causale dans le sens de Schopenhauer, ni aucune autre quelconque. Ce sont des concepts corrélatifs comme à droite et à gauche, en haut et en bas, cause et effet, etc., dont chacun est sous-entendu en présence de l’autre eo ipso. Il en est autrement, si on ne prend plus le sujet et l’objet dans leur signification subjective idéale, comme pôles de la représentation consciente, mais comme représentants des corrélatifs transcendants qui leur correspondent, c’est-à-dire du moi en soi et de la chose en soi. Alors l’objet de la représentation nous apparaît naturellement sous l’influence de l’activité productrice du moi en soi et sous celle de la causalité transcendante de la chose, en soi affectant le sens extérieur et indiquant en même temps que le moi est affecté. Mais nous savons que Schopenhauer — si nous examinons son système sous son vrai jour — ne partage nullement cette manière de voir. Chez lui la correspondance pressentie et admise entre l’objet de la représentation et la chose en soi, reste comme un problème insoluble, qui ne peut en aucun cas être expliqué par la causalité, et l’activité productrice du moi en soi tombe sous le concept de la manifestation de la force, qui ne peut pas non plus être confondue avec la causalité. Mais si nous prenons l’idéalisme subjectif encore plus rigoureusement dans le sens de Schopenhauer jeune, nous devons remarquer que la dualité apparente de la chose en soi et du moi en soi ne peut pas être réelle au fond, mais seulement une fausse imagination résultant de l’usage transcendantal de catégories immanentes (pluralité, etc.). Il ne peut donc nullement être question de l’influence réciproque de l’un sur l’autre, parce qu’en réalité les deux n’en font qu’un. Tout le problème se réduit donc à ce que la production de la représentation déterminée (avec ses deux pôles sujet et objet) est une manifestation concrète de l’identique moi en soi = chose en soi, et comme telle n’a rien de commun avec le concept de causalité.

V. — La motivation.

En tout cas, il reste exact, même à ce point de vue, qu’aucun acte et par conséquent aucune causalité n’est possible sans volonté ; en effet, les deux facteurs concourant nécessairement à l’acte, aucun des deux ne peut exercer une action efficace sur l’autre, c’est-à-dire