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de chaque action particulière est situé dans cette sphère métaphysique du Tout Un, c’est-à-dire en dehors de tous les caractères individuels et de leurs buts individuels. Si l’on parle de la volonté dans le sens de la volonté individuelle avec un caractère individuel déterminé, il est certain que c’est la volonté qui transforme les représentations naissantes en motifs, c’est-à-dire qui leur donne la puissance d’agir (je ne l’ai jamais compris ni exposé autrement) ; mais si l’on parle de la volonté dans le sens du principe existant en dehors de la sphère des phénomènes et les déterminant, alors il ne peut pas être question d’un caractère, c’est-à-dire d’une préforrnation du contenu éventuel de la volonté par la nature même de la volonté.

C’est justement en cela que se dévoile alors le sens le plus profond de la motivation, comme détermination de la représentation par la représentation (non de la volonté par la représentation), c’est-à-dire que le contenu représentatif de la volonté universelle (et non cette dernière elle-même) est seul en contact avec des motifs ; et c’est uniquement parce que les individus sont des phénomènes, existant déjà par la spécification de la substance absolue de la volonté (c’est-à-dire de l’idée), que se produit chez eux l’apparence d’une causalité exercée par les motifs sur la volonté elle-même. Frauenstaedt, en prenant cette apparence pour une vérité métaphysique, rejette la vérité plus profonde que son maître avait déjà possédée (l’absence de but et de motif dans la volonté universelle) et me combat parce que je reste attaché à cette vue importante de la métaphysique de Schopenhauer.

De même qu’en général la valeur durable de l’idéalisme subjectif réside dans l’intelligence de cette vérité, qu’en somme le problème de la connaissance pourra seulement être résolu à l’aide d’une hypothèse idéaliste, de même en particulier la valeur de l’idéalisme subjectif pour le problème de la motivation consiste dans cette notion que ce problème aussi peut seulement être résolu à l’aide de l’hypothèse suivante : dans le processus de la motivation, ce n’est pas la volonté en elle-même tout à fait hétérogène à la représentation, mais seulement une forme idéale de la volonté qui est altérée et modifiée. Dans les deux cas, l’erreur provient seulement de ce que l’hypothèse idéaliste est prise dans le sens subjectif. De cette façon il en résulte une solution seulement apparente des problèmes, qui ne satisfait pas à la longue et entraîne à des contradictions avec d’autres parties du système. Ainsi la théorie subjective de la motivation de Schopenhauer tombe dans cette contradiction que d’après elle l’action des forces de la nature sur des causes extérieures devrait seulement être comprise en prenant la nature dans le sens