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filets nerveux et les cellules nerveuses. Le corps agit sur l’âme en mettant les nerfs puis les cellules en état d’excitation. L’âme agit sur le corps, de la même manière, mais inversement. Là est le punctum saliens, et une seule observation sur l’électricité nerveuse et l’oscillation négative[1] est beaucoup plus importante que des volumes de théories métaphysiques. » Le phénomène de l’excitation, comme le fait remarquer l’auteur, est encore inconnu, mais il n’est pas inaccessible aux recherches.

La question se pose ainsi pour lui au point de vue strict des phénomènes observables. « À la manière dont nous considérons les rapports de l’âme et du corps, chacun des deux est pour l’autre une cause et une fin. Le corps est la cause de l’âme, puisque celle-ci ne peut avoir aucune représentation sans le corps ; et l’âme est la cause du corps, puisque c’est l’âme qui le meut. L’âme est la fin du corps, car le corps ne peut subir aucune influence qui ne soit transmise à l’âme. D’un autre côté, le corps et ses mouvements sont la fin de toute l’activité spirituelle ; car il est impossible de se représenter un phénomène spirituel qui ne soit pas déterminé et exprimé par le corps. Le corps n’est donc pas simplement un intermédiaire, une porte de passage entre l’âme et le monde : il est la forme nécessaire de l’âme et constitue sa vraie fin. »

Après avoir traité ces questions d’ensemble, l’auteur examine (p. 22) les sensations simples ; les mouvements involontaires, semi-volontaires et volontaires qui en sont la suite ; puis il étudie en détail la question de la conscience.

On trouve d’abord un résumé très-substantiel de la psychologie allemande sur ce sujet (Herbart, Beneke, Lotze, Fechner, Wundt, Ulrici, Hartmann, etc.). L’étude de la conscience sous ses diverses formes, positives ou négatives ; dans ses rapports avec l’inconscient (sommeil, syncope, coma, léthargie, etc.), et avec les diverses formes de la vie mentale, consiste en une discussion critique plutôt qu’en une doctrine proprement dite. « Notre revue, dit M. Horwicz, nous a montré des relations de la conscience avec toutes les autres activités psychiques, mais nulle part nous n’avons pu pénétrer dans son essence. Peut-être dira-t-on que c’est beaucoup de travail pour un faible résultat. Mais que l’on remarque que cette question est fondamentale et qu’ainsi le plus petit progrès n’est pas à dédaigner. Si nous n’avons pu ni donner une définition nouvelle de la cons-

  1. On donne le nom d’oscillation négative à la diminution qui se produit, dans les forces électro-motrices propres à un nerf, quand une impression a lieu. Cette diminution prouve qu’une certaine quantité de ces forces est employée à produire la sensation.