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analyses. — froschammer. Monaden und Weltphantasie.

par leur apparition à un moment donné dans l’intelligence humaine. En résumé, la matière, l’imagination, les forces, les idées, tels sont les facteurs originels nécessaires, suivant M. Froschammer, à l’explication de l’existence et du développement des choses.

Si nous suivons maintenant dans la réalité le progrès de l’être, si nous étudions l’histoire du monde, nous trouverons partout présent l’effort de l’imagination créatrice, qui enveloppe tout ce qui est dans l’unité d’une môme pensée, qui invente, organise et combine les êtres particuliers, pour les coordonner ensuite dans l’ensemble des choses.

Après avoir résumé son système, M. Froschammer examine les théories des philosophes et des naturalistes qui essayent de rendre compte de l’existence et de l’ordre du monde par l’hypothèse des monades. Il examine successivement la monadologie de Leibniz, d’Herbart, d’Hermann Fichte, de Carrière, d’Ulrici ; il cite sans y insister Lotze, Fechner, Drossbach, Bahnsen ; après quoi, il arrive aux naturalistes, à Preyer, qui admet dans les atomes une capacité de sentir et prétend expliquer ainsi la conscience et la vie, sans sortir du mécanisme matérialiste, à Nœgeli, à Hæckel, à Zöllner. L’hypothèse des monades, quelle que soit la forme qu’on lui donne, ne peut, d’après l’auteur, rendre compte du développement progressif des choses, ni de l’organisation des individus et de l’univers. Quant à attribuer la sensibilité aux atomes, et à spiritualiser ainsi la matière pour en faire sortir l’intelligence et la vie, c’est une contradiction. La sensibilité n’existe que par la vie, et, comme la vie, elle suppose une combinaison d’éléments, un ordre entre des forces concourant à une même fin ; la sensibilité n’est que la conscience de leur harmonie ou de leur désaccord. Il faut donc toujours en revenir au seul principe qui puisse rendre compte, selon M. Froschammer, de l’organisation des éléments en un même individu, des divers individus en un même univers, à l’imagination créatrice.

Après avoir comparé sa philosophie à la théorie des monades dans l’ouvrage que nous venons de résumer, M. Froschammer, dans un volume tout récemment publié, cherche à déterminer le rôle de l’imagination dans les théories de Kant et de Spinoza. « D’après Kant, la science n’a pas d’autre objet que les phénomènes, et les phénomènes n’existent pour nous que grâce à nos facultés de connaître et par notre connaissance. Or l’imagination est la faculté de représenter les images et leurs rapports ; c’est donc par elle que le monde des apparences est produit et existe pour la conscience de l’homme. » L’auteur, pour marquer quel est le rôle de cette faculté dans l’ensemble de la philosophie de Kant, étudie de ce point de vue les trois parties de la critique de la raison pure, la critique de la raison pratique et la critique du jugement.

Dans Spinoza, l’imagination parait réduite à un rôle très effacé ; elle est la source de l’erreur, de l’illusion et du délire ; elle est la cause des passions et de l’esclavage, et notre œuvre est de nous affranchir des opinions fausses qu’elle suscite pour arriver par la connaissance vraie