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analyses. — th. ribot. La philosophie allemande.

Nous n’insisterons pas sur l’étude qui a pour titre : « De la durée des actes psychiques. » C’est un travail plus physiologique que philosophique. On y trouve rassemblés une multitude de résultats importants et curieux dont la connaissance est indispensable à tous ceux qui cultivent la psychologie.

Une étude comme celle-ci demande une conclusion. M. Ribot nous a donné l’exemple des conclusions nettes et brèves ; nous tâcherons de l’imiter. Nous admettons pleinement l’existence d’une psychologie physiologique qui se propose de déterminer les antécédents physiologiques des phénomènes de la pensée. Sur ce point, nous sommes absolument avec M. Ribot. Nous ne sommes pas aussi sûrs d’être avec lui quand nous déclarons que pour nous cette psychologie nouvelle ne remplace ni la psychologie empirique des Anglais, ni la psychologie métaphysique des Français. Dans la méthode critique de notre auteur, nous reconnaissons deux tendances : la première est tout à l’ardeur, à l’enthousiasme ; elle règne sans partage quand il s’agit de signaler les recherches nouvelles, les travaux originaux ; l’autre, au contraire, est tout à la réserve, à la discrétion ; elle domine quand il s’agit de recevoir dans la science des vérités acquises. Sur ce point, du reste, M. Ribot ne s’est pas fait illusion. Il n’est dupe de personne, pas plus de lui-même que d’autrui. On ne nous en voudra pas de le citer encore une fois : « Beaucoup des recherches de la nouvelle psychologie portent sur des questions très modestes, et il est probable que les partisans de l’ancienne psychologie trouveront que c’est beaucoup de travail pour un maigre résultat. Mais ceux qui sont plies aux méthodes des sciences positives ne feront pas de même. Ceux-là savent combien d’effort réclament les plus minces questions, comment la solution des petites questions mène aux grandes, et combien il est stérile de discuter les grands problèmes avant d’avoir étudié les petits. » (P. xxx.) Nous osons affirmer que l’auteur est là tout entier. Nous avons dit franchement ce que nous avons trouvé dans son ouvrage ; d’autres, sans doute, y trouveront autre chose. Quand un livre n’est pas entendu de la même façon par tous les lecteurs, c’est une marque sûre qu’il est fait de main d’ouvrier.

T. V. Charpentier.

Schopenhauer. — Pensées, maximes et fragments. Traduit, annoté et précédé d’une vie de Schopenhauer par J. Bourdeau. — Paris, Germer Baillière. 1880.

Ce petit livre viendrait trop tard, et à plus forte raison cette notice qui vient après lui, si le livre prétendait révéler aux lecteurs français la philosophie de Schopenhauer, et si la notice s’essayait à la résumer pour les lecteurs de la Revue. Dès les premières lignes de sa préface, qui est bien française par la netteté, la sobriété et l’esprit, M. Bourdeau