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ANALYSES ET COMPTES-RENDUS



W. K. Clifford. — Lectures and Essays, edited by Leslie Stephen and F. Pollock with an introduction by F. Pollock. In-8°, 2 vol. London, Macmillan.

I. — Ces remarquables études de métaphysique et de morale sont l’œuvre d’un mathématicien anglais, W. K. Clifford, qu’une mort prématurée vient d’enlever à la fois à la science et à la philosophie. Quelques mots de biographie suffiront à faire connaître notre auteur.

William Kingdom Clifford naquit à Exeter le 4 mai 1845. Après avoir commencé ses études dans sa ville natale, il entra en 1860 au King’s Collège, à Londres ; là, il montra une aptitude particulière pour les mathématiques sans toutefois négliger les autres branches des connaissances humaines. En 1863, il vint à l’Université de Cambridge. Il semble que son intelligence indépendante l’ait toujours entraîné plutôt à faire des recherches personnelles qu’à suivre le cours régulier des études. Néanmoins il sortit second du concours des mathématiques (second Wrangier in the Tripos), en 1867. Fellow du Trinity Collège en 1868, professeur de mathématiques appliquées au collège de l’Université de Londres en 1871, il fut élu membre de la Société royale en juin 1874. Il s’était déjà fait connaître par de remarquables conférences publiées dans les plus célèbres revues anglaises. Esprit curieux et ouvert à toutes les nouveautés, il étudiait, exposait, discutait avec la même ardeur les travaux sur la géométrie non-euclidienne et les œuvres de Spencer. La théorie de l’évolution et de la sélection naturelle l’avait frappé ; il l’avait acceptée avec enthousiasme, mais sans aveuglement et sans jamais abandonner les droits d’une intelligence également douée pour la critique et l’invention.

En 1874, il ressentit les premières atteintes de la maladie de poitrine qui devait l’emporter. Après avoir vainement cherché la santé en Espagne, en Algérie, à Madère, il est mort au mois de mars 1879. « C’était un homme, nous dit son biographe M. F. Pollock, qui écartait rigoureusement de ses pensées, comme inutile ou malsaine, toute spéculation sur un monde futur ou invisible ; un homme pour qui la vie était une chose sacrée et précieuse, dont il fallait user avec un sentiment de joie ; une âme pleine de vie et de lumière, un esprit sans cesse en activité, regardant toujours ce qui venait d’être achevé comme