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F. - R.. — considérations sur la philosophie chimique

sont toujours unis soit à d’autres atomes semblables, soit à d’autres atomes différents. Au moment même où une molécule se décompose, les atomes sont libres pendant un instant, et plus aptes à former des combinaisons nouvelles. C’est ce qu’on a appelé autrefois, et ce qu’on appelle encore souvent, l’état naissant des corps. Un corps simple à l’état naissant, c’est-à-dire considéré au moment où la molécule se décompose, peut se combiner bien plus facilement avec un autre que lorsque sa molécule est intacte ou déjà constituée.

En continuant l’exemple précédent, on peut figurer ainsi par un schéma les molécules d’hydrogène, de chlore, et d’acide chlorhydrique :

+,,

Il existe des molécules beaucoup plus complexes, formées par la réunion d’un grand nombre d’atomes. Ainsi, la molécule d’eau est formée de trois atomes H2O[1]. La molécule d’ammoniaque est formée de quatre atomes AzH3. La molécule de formène est formée de cinq atomes CH4. La complexité croît jusqu’aux matières protéiques dont la molécule est constituée par la réunion d’un très grand nombre d’atomes. Ainsi l’hémoglobine cristallisée a une molécule dont la formule peut s’écrire ainsi

C600H960Az154O177FS3

Examinons maintenant ce phénomène de la combinaison. En premier lieu la combinaison est tout à fait différente du mélange : deux gaz, deux liquides parfaitement mélangés conservent dans le mélange leurs propriétés respectives, tandis que, dès que leur combinaison s’est effectuée, on a un nouveau corps dont les propriétés sont différentes.

Le vieil axiome des savants du xviiie siècle est encore parfaitement juste : « Corpora non agunt nisi sint fluida » Il n’y a de combinaison entre les diverses substances que lorsqu’elles sont fluides, c’est-à-dire liquides ou gazeuses. Ainsi, que l’on mélange deux poudres, par exemple l’acide tartrique et le bicarbonate de soude, ces deux poudres, si elles sont parfaitement sèches, ne réagiront pas et ne se combineront pas. Il faudra, pour déterminer leur

  1. Nous nous servirons indifféremment de la notation atomique et de la notation en équivalents, suivant que l’une ou l’autre sera plus commode pour la démonstration.