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Voici les douze principaux axiomes religieux, dont M. Mamiani fait les douze articles de la foi nouvelle, ou plutôt de la foi éternelle qu’il cherche à restituer dans son intégrité :

1° Dieu et l’homme sont unis par l’acte, mais distincts par la substance.

2° Dieu est une personnalité suréminente et sans forme ni limite.

3° Tous les hommes sont égaux, en tant que créatures d’un môme Dieu.

4° L’âme est le principe de tout bien ; le corps, de tout mal.

5° L’âme est immortelle non seulement dans son essence, mais dans sa personnalité.

6° Faites aux autres ce que vous voudriez qui vous fût fait.

7° L’innocence peut racheter le crime en se sacrifiant pour lui.

8° Toute prière digne d’être exaucée est efficace.

9° Tous les êtres moraux sont unis et solidaires dans la « communion du bien ».

10° L’expiation écarte l’hérédité du mal.

11° Le progrès indéfini est la loi de la société.

12° Le monde attend une révélation plus complète et plus féconde, qui réponde à ses aspirations et à son espoir.

Mais cette religion, si élevée qu’elle soit, n’est qu’une religion de devenir, nous objecteront les orthodoxes ; elle n’a ni la stabilité ni la rigueur suffisantes pour prétendre à représenter l’éternelle vérité. Hé quoi ! répond M. Mamiani, en se plaçant sur le terrain même de l’orthodoxie, est-il donc possible d’admettre que Dieu n’ait pas préparé la voie à la véritable religion, par les fausses qui l’avaient précédée ? Le christianisme n’a-t-il eu aucun antécédent, n’a-t-il rien gardé de la philosophie païenne ? Lui-même ne s’est-il pas soumis à la loi de la transformation progressive, en se développant graduellement par les délibérations des conciles et les décrets des papes ? « La vraie religion n’est pas celle à laquelle on ne peut changer une syllabe ; elle est immuable dans ses principes, mais changeante dans ses formules ; le progrès ne m’effraye point pour elle. »

VI. — Idée de la meilleure religion.

Le progrès en effet est la loi de toutes les existences finies, et la religion, réduite à n’être qu’un fait humain, ne saurait s’y soustraire.

L’auteur part de là pour chercher à tracer les « linéaments idéaux » du culte qu’il tâche à édifier. Ce culte devra concorder d’abord avec les affirmations de la science et de la raison, ensuite avec les postulats de la moralité. Il sera bien entendu, d’ailleurs, que la meilleure religion sera la plus conciliante, celle qui réunira dans la synthèse la plus compréhensive toutes les parcelles de vérité et de bonté que renferment les