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La question du pessimisme n’a pas excité en Angleterre les mêmes passions qu’en Allemagne, et elle n’est pas devenue, comme chez nous, , un thème à développements littéraires : nous pouvons cependant signaler sur ce point quelques publications d’ordre secondaire. M. Mallock se demande si la vie vaut la peine d’être vécue (Is life worth living ? London, Chatto and Windus, 1879) ; il se lamente sur l’invasion « de la horde des barbares intellectuels », c’est-à-dire des savants qui ont ruiné l’œuvre de la piété du moyen âge : il nous apprend que le prix de la vie consiste dans la moralité et la moralité dans la foi. — Ce livre n’est pas resté sans réplique. Le Dr  Aveling : The value of the earthy life : a reply, London, 1879, répond dans un sens absolument optimiste et au nom de la libre pensée. — Un écrivain américain anonyme (The value of life : a reply, etc., New-York. Putnam), qui répond aussi au même livre, parle en homme de sa nation et montre ce que la vie humaine est et pourra être quand la force qu’on applique maintenant à des fictions énervantes et décevantes sera appliquée à la réalité. — Le petit volume de Loyd : Pessimism : a study in contemporary Sociolog, Liverpool, 1880, est d’un ordre plus élevé, plus scientifique, moins polémique. D’après l’auteur, « le pessimisme est la philosophie naturelle du penseur qui tire des conclusions pratiques de l’observation étroite des hommes de génie et de ceux qui sont moralement, intellectuellement et esthétiquement en avance sur leurs contemporains. »

Le livre de M. Cyples : An Inquiry into the process of human experience attempting to set forth its lower Laws with some Hints as to the higher Phenomena of Consciousness, London, Strahan, 1880, malgré son titre très long et un peu confus, n’est pas sans mérite. Malheureusement, la confusion n’existe pas dans le titre seul, et l’auteur emploie souvent un langage obscur pour dire des choses simples. L’ouvrage ne contient d’ailleurs rien moins qu’un système complet de philosophie, et l’auteur paraît s’être surtout proposé de déterminer si les recherches scientifiques récentes laissent le champ ouvert aux aspirations et aux croyances des esprits religieux. On rencontre à chaque instant des expressions et des formules inusitées : par exemple « le diagramme neurotique » signifiant que « pour chaque sensation, idée, etc., avec les sentiments associés, il doit y avoir une configuration spécifique dans le système sensorio-cérébral, comprenant dans ses limites linéaires et superficielles telles et telles molécules centrales et telles et telles fibres, l’intercommunication étant très complexe dans l’expérience adulte. » Nous avons traduit littéralement. Malgré ce style, certaines parties sont intéressantes, en particulier l’étude sur les conditions de la conscience et celle sur la nature du plaisir et de la douleur. M. Cyples est un esprit original ; mais il faut avouer que ses doctrines sont souvent du vieux habillé à la moderne.

Mentionnons pour finir quelques titres d’ouvrages : une histoire anonyme du panthéisme, General Sketch of the History of Pantheism. 1er  vol., 1878, 2e  vol. ; 1879. London, Deacon. L’auteur ne donne son livre