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CE QUI SE PASSE DANS LE MONDE

cette différence essentielle. C’est pourquoi l’on a cru malin de faire les gros yeux, de distribuer des mauvais points et des réprimandes et d’envisager le Vésuve comme un bon gendarme chargé par Dieu de veiller à ce qu’on ne désobéisse plus au kaiser. C’était si malin, en effet, que la Triplice a péri du coup.

Deux éminences grises.

Que le R. P. Martin, général des Jésuites, qui vient de mourir à Rome et M. de Holstein, conseiller rapporteur à l’office des affaires étrangères de Berlin, qui vient d’être mis à la retraite, aient exercé une action dépassant en puissance et en étendue celle que semblaient leur permettre les fonctions dont ils étaient investis, cela ne saurait faire de doute. Reste à savoir seulement si l’influence du père Martin sur Pie x et celle du conseiller Holstein sur Guillaume ii peuvent être considérées comme responsables d’une part de l’attitude pontificale dans l’affaire de la séparation de l’État français d’avec l’Église et, d’autre part, de l’interventionnisme impérial dans la question marocaine. Les Jésuites sont actuellement, parait-il, 15.500. Ce n’est pas un chiffre aussi considérable que d’aucuns se l’imaginaient. Ils se trouvent répartis en cinq assistances : celle d’Italie, celle de France, celle d’Allemagne (avec l’Autriche, la Belgique et la Hollande) celle d’Espagne (y compris le Portugal et l’Amérique espagnole) et celle d’Angleterre (y compris les États-Unis et le Canada). L’assistance de France, l’une des plus nombreuses et des plus importantes, voit son activité suspendue ou au moins entravée depuis le vote de la loi contre les congrégations. Au cas où le pape n’autoriserait pas la formation d’associations cultuelles, il y aurait là pour l’Ordre l’occasion de s’introduire dans le ministère paroissial et d’en monopoliser une partie. Les gens méfiants prétendent donc que le père Martin s’employait à obtenir du Saint-Siège que les associations cultuelles fussent interdites définitivement… Chi lo sa ?

Quant à M. de Holstein, le terme de gallophobe souvent employé pour caractériser ses tendances n’est peut-être pas complètement exact. M. de Holstein était gallophobe à la façon de M. de Bismarck, c’est-à-dire qu’il professait le dédain de la France. Il ne