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OLYMPIE

recevait d’elle au retour toutes sortes d’honneurs et d’avantages ; il n’était pas rare qu’on lui fît une rente viagère ou qu’on l’exemptât d’impôts. Après avoir reçu leurs récompenses symboliques, les triomphateurs se rendaient au Prytanée où avait lieu un banquet solennel auquel prenaient part toutes les notoriétés, officielles ou non, ceux que l’argot actuel appellerait irrévérencieusement les « grosses légumes » et, probablement, on y portait des toasts… Combien curieux, n’est-il pas vrai, apparaît cet ordonnancement des fêtes olympiques si loin de nous et pourtant si semblables à ce qu’elles seraient de nos jours avec les sacrifices en moins et les orphéons en plus ?

Après l’édit impérial de Théodose, interdisant la célébration des Jeux, le fameux Jupiter de Phidias fut transporté à Constantinople mais les édifices subsistèrent ; ils survécurent même à l’invasion d’Alaric. Ce fut Théodose ii qui y fit mettre le feu dans un accès de rage imbécile ; en 522 et 551, des tremblements de terre achevèrent la destruction. Les envahisseurs slaves, la féodalité française, les Vénitiens, les Turcs se succédèrent sur ce sol infortuné ; les ruines furent bientôt ensevelies et si profondément qu’il fallut, pour les retrouver, creuser à cinq et six mètres de profondeur.

L’idée d’exhumer Olympie hanta beaucoup de cerveaux, depuis celui du savant bénédictin Montfaucon en 1723 jusqu’à Lord Spencer Stanhope en 1824, en passant par Winckelman et Richard Chandler. Ce fut un Français, Fauvel, qui chargé de mission par le Mis de Choiseul Gouffier reconnut pour la première fois l’emplacement du grand temple et ce fut un autre Français, Abel Blouet qui en 1829, lors de l’expédition de Morée, commença de le dégager. Plus tard Curtius, devenu précepteur du futur empereur Frédéric iii, gagna son élève à l’idée d’une glorieuse campagne archéologique. Les travaux entrepris en vertu d’une convention passée en 1874 entre l’Allemagne et la Grèce durèrent six ans et coûtèrent plus d’un million : 130 statues ou bas-reliefs, 13.000 bronzes, 6.000 monnaies, 400 inscriptions, 1.000 terres cuites, 40 monuments composent le bilan des trouvailles ; tout cela resta en Grèce ; l’Allemagne n’eut que les charges… et l’honneur. Mais cet honneur est grand et doit lui valoir la reconnaissance de l’univers civilisé.

Olympie est aujourd’hui visitée par de nombreux touristes ; le chemin de fer qui y mène depuis Patras s’arrête discrètement dans