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REVUE POUR LES FRANÇAIS

une vallée latérale. De même les auberges et le musée se tiennent à distance respectueuse des ruines dont rien ne vient troubler, de la sorte, l’impressionnante et grandiose solitude. Aucun édifice ni portion d’édifice n’est demeuré debout mais les fondations en sont suffisamment intactes pour que le touriste relève très exactement, le guide en main, le plan et la figure extérieure de chacun. Voici, avant de pénétrer dans l’Altis (l’enceinte sacrée) par la porte du sud — celle par laquelle pénétraient jadis les cortèges — voici le Léonidaion, vaste caravansérail où l’on logeait les hôtes de distinction et, plus tard, le gouverneur romain d’Achaie : à gauche, le prétendu « atelier de Phidias » et le Theokoleion, habitation des prêtres attachés au service des sanctuaires ; puis à droite, derrière le Léonidaion, le Bouleutherion où siégeaient, durant les Jeux, les magistrats directeurs formant une sorte de sénat olympique. Aussitôt l’enceinte franchie, on se trouve devant le temple de Zeus. C’était un édifice long de 64 mètres (les temples grecs n’étaient jamais grands) et dont la façade s’ornait de six colonnes. Le temple contenait la statue de Jupiter en or et en ivoire dont nous avons rappelé plus haut l’odyssée et la disparition.

Devant le temple s’étendait l’agora, vaste esplanade qu’avait peu à peu encombrée la foule des monuments et des statues érigées par la reconnaissance des athlètes ou la piété des villes. Aucun ordre n’apparaît dans l’encombrement des piédestaux ruinés ; on devine pourtant qu’il devait y avoir des perspectives artistiques ménagées au milieu de ces objets d’art et, sans doute, la verdure y jouait son rôle. Olympie était remplie de platanes géants, d’oliviers et de peupliers argentés qui en doublaient la beauté. L’agora était fermée par un vaste portique séparant l’hippodrome du stade. L’hippodrome a disparu ; les traces mêmes n’en sont plus visibles ; proche des bords de l’Alphée, il a être emporté par les inondations d’une rivière capricieuse. Le stade adossé à la montagne, était séparé de l’agora par un couloir voûté long de près de deux cents mètres. Au centre de l’agora se dressait l’autel de Zeus, édifice elliptique à deux étages où l’on laissait séjourner les cendres des victimes en sorte que le sol intérieur allait s’exhaussant à chaque olympiade. Proches de là s’élevaient : le tombeau de Pelops — un antique sanctuaire, l’Heraïon où se trouvait enfermée la table précieuse servant à la distribution des prix — le Philippeion, rotonde élevée par Philippe de Macédoine après Chéronée — enfin tout contre le mont Kronion les treize