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NOTRE SŒUR ROUMAINE

de la Bessarabie fut restituée aux Moldaves. Quant à l’organisation intérieure, une commission européenne fut chargée d’en régler les détails.


L’union

Ici gisait la principale difficulté. Les Roumains voulaient vivre unis autant que possible ; Napoléon iii le voulait aussi. La Turquie et l’Autriche s’y opposaient. Des élections illégales ayant eu lieu en Moldavie sous la pression des commissaires turcs, l’empereur des Français dut intervenir énergiquement pour que ce scrutin fût annulé, puis encore pour soutenir les unionistes après que ceux-ci eurent été élus. Finalement il demeura entendu que les « principautés-unies de Moldavie et de Valachie » auraient chacune leur gouvernement distinct mais que ces gouvernements pourraient communiquer au moyen d’une commission permanente chargée des affaires communes. Quand on en fut là, les deux assemblées se mirent d’accord pour élire à Jassy et à Bukarest le même hospodar ; Alexandre Couza put de la sorte s’intituler prince de Roumanie et bientôt, la France aidant, le sultan lui reconnut ce titre ; un règlement organique compléta la fusion gouvernementale. Un État considérable existait désormais qui était loin certes de grouper toute la nation roumaine mais dont la formation en émancipait définitivement plus des deux tiers.


Alexandre ier

Couza ne fut point un souverain très respectueux des lois ; un conflit éclata promptement entre l’Assemblée et lui ; il le dénoua « à la Bonaparte » au moyen d’un coup d’État ratifié par plébiscite. Il eut bientôt toute l’aristocratie contre lui ; on complota sa chute ; des conjurés s’étant rendus maîtres de sa personne l’obligèrent à signer son abdication. Son règne de sept années n’en fut pas moins un des plus féconds dont les annales contemporaines fassent mention. Le déblayage nécessaire s’accomplit, rudement parfois mais en fin de compte de façon salutaire. Un code de lois fut introduit, le jury et l’état-civil institués, l’instruction organisée, un emprunt avantageux contracté et une église nationale établie. La réforme la plus critiquée fut l’expropriation d’une partie des terres seigneuriales ; elle rendit à la vérité 400.000 familles propriétaires