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ODENATH ET ZENOBIE

alors à l’apogée de sa puissance, s’étendait fort loin et comme Salomon était un souverain fastueux sa capitale était devenue le centre d’un commerce considérable. Il est hors de doute désormais que des relations fréquentes mettaient en contact la Palestine et l’Inde. Le Golfe persique et l’Euphrate en étaient la voie habituelle, mais Jérusalem se trouvait séparée de l’Euphrate par un désert sablonneux que les caravanes devaient franchir. L’oasis des Palmiers arrosée par des sources abondantes constituait une étape obligatoire sur cette route peu fortunée. Rien d’étonnant donc à ce que Salomon ait jugé l’endroit propice au dessin d’une ville et à l’établissement d’une garnison. Il le nomma Tadmor mot dont Palmyre est la traduction.

Palmyre devint par la suite une cité indépendante et cosmopolite, vaste entrepôt où se négociaient les grandes affaires et où résidait une population bigarrée de Juifs, de Grecs d’Asie mineure, d’Arabes sémitisés, de Perses, d’Arméniens et d’Hindous. Toute la richesse des pays limitrophes y afflua et elle dut évidemment à sa situation et à son caractère de lieu d’échanges son extraordinaire durée. Les empires s’édifiaient et s’écoulaient autour d’elle sans que sa puissance en fut ébranlée. La splendeur de ses édifices allait croissant d’année en année. Derrière le négoce étaient venus les lettres et les arts. « La Grèce, écrit le capitaine Deville dans la relation de son voyage à Palmyre, trouvait là un facile débouché pour sa pléthore de philosophes sans chaire et d’architectes sans travail. « Puis ce fut l’époque romaine : une agression de Marc Antoine détermina l’exode au-delà de l’Euphrate des Palmyréniens emportant leurs trésors ; les légions déçues dans leur espoir de butin battirent en retraite ; plus tard l’Empereur Hadrien, grand voyageur et dilettante, s’éprit de Palmyre et charma ses habitants à tel point que ceux-ci voulurent changer la dénomination de leur ville en celle d’Hadrianopolis ; Alexandre Sévère, enfin, Syrien d’origine, acheva de les conquérir aux lois romaines. Des quatorze siècles de son existence depuis sa fondation par le roi Salomon jusqu’à sa destruction par Aurélien, Palmyre en passa près de deux — les deux derniers — sous la domination de Rome ; elle avait son sénat et ses stratèges. Qu’avait été son gouvernement jusqu’alors ? Il faut attendre pour le savoir que des fouilles méthodiques aient pu être entreprises. Les voyageurs qui y ont jusqu’ici relevé des inscriptions (très nombreuses d’ailleurs et d’un haut intérêt) ont dû se contenter d’explorer presque à fleur de sol.