Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/561

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
419
LA FRANCE COLONIALE

Madagascar et dépendances.

L’île de Madagascar a coûté à la France de durs sacrifices. En mesurant sa valeur à son prix d’acquisition, nous avons commis une erreur grossière qu’il est utile de dissiper.

Madagascar a beaucoup trop fait parler d’elle ; elle a promis au delà de ses moyens : à présent son crédit s’épuise et les déceptions sont d’autant plus vives à son propos que les espoirs semblaient fondés. La vérité, c’est qu’elle n’est pas pour nous une possession de première valeur et qu’elle a tenu longtemps dans nos préoccupations coloniales une place qu’elle ne méritait pas et qui revient à d’autres.

La colonisation agricole, malgré l’effort très énergique que lui a consacré le général Gallieni, n’a pas donné de bons résultats. Les Européens, attirés à grands frais, ont, en majorité, abandonné leurs concessions ; les indigènes, eux-mêmes, ont souvent laissé là leurs terres sous l’accablement des impôts qu’on prétendait en exiger pour faire face aux besoins d’une politique trop magnifique ; enfin le sol lui-même s’y prêtait mal : quel que soit l’avenir de ses rizières, Madagascar n’est pas un pays agricole, on s’en aperçoit un peu tard.

La colonie semble devoir se consacrer plutôt à l’exploitation forestière, à l’élevage et surtout aux mines, pour la mise en valeur desquelles la main-d’œuvre lui fait malheureusement défaut. On peut ainsi dire que son développement rationnel est lié dans une large mesure au problème de l’immigration d’une masse de travailleurs qu’elle aurait bénéfice, suivant l’exemple du Transvaal, à recruter parmi les Chinois.

Il lui faut aussi développer ses communications. Sans nier l’utilité du chemin de fer de Tananarive à la mer, qui sera probablement achevé l’année prochaine, nous pensons qu’on a trop sacrifié à son exécution et qu’il eût mieux valu employer l’effort et l’argent qu’on lui a consacrés à des travaux plus nécessaires.

Le commerce de Madagascar a atteint 45.800.000 francs en 1905, dont 19.400.000 francs à l’exportation représentée principalement par l’or (40 %), le caoutchouc (20 %), les peaux (13 %), le bétail (8 %), etc… Il représente moins de 6 % du commerce total des colonies françaises[1].

  1. Moins l’Algérie et la Tunisie.