Page:Revue pour les français, T1, 1906.djvu/570

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
428
REVUE POUR LES FRANÇAIS

d’industrie. Nous devons profiter de cette disposition : elle donne à l’Indo-Chine française une valeur exceptionnelle entre tous les pays d’alentour. En y créant un centre manufacturier français nous lutterons avec avantage contre l’industrie étrangère qui, tous les jours, chasse nos produits des marchés chinois. Il ne s’agit nullement de faire concurrence à l’industrie française métropolitaine, mais d’utiliser un privilège spécial dont elle est par elle-même incapable de jouir. Ce ne sont pas, en effet, les Français qui occuperont jamais en Chine la place qui semble réservée aux Tonkinois, ce sont les Japonais et les Hindous avec leurs associés anglais. En nous abstenant nous favoriserons simplement la fortune de nos concurrents.

Nous avons brièvement résumé l’origine et la situation présente de nos possessions d’Indo-Chine. Elles forment ensemble un territoire égal à la France augmentée du tiers de sa grandeur et contiennent 20 millions d’habitants, soit environ 35 au kilomètre carré, densité trois lois supérieure à celle du Siam et de l’Indo-Chine anglaise.

Pays agricole, susceptible par son étendue et sa diversité d’altitudes et de climats d’une grande variété de cultures, elle est avant tout un immense grenier à riz. Elle en augmente sans cesse sa production et son exportation a passé de 500.000 tonnes en 1888 à près d’un million de tonnes en 1904.

La nomenclature complète de ses ressources remplirait plusieurs de ces pages. Nous en avons décrit les principales pour chaque pays de l’union. Elles suffisent à montrer l’étendue des « possibilités » économiques de l’Indo-Chine.

Ces perspectives y ont déterminé un énorme afflux de capitaux en majorité français et chinois qui ont naturellement précipité sa mise en valeur. En 1892 son commerce extérieur égalait 163 millions ; en 1902 il a dépassé 399 millions. La France a largement bénéficié de ce développement : ses importations en Indo-Chine, évaluées à 24 millions de francs vers 1890 ont atteint 98 millions en 1904, bénéfice particulièrement sensible en ce qui concerne les cotonnades : tandis qu’en 1894, l’Indo-Chine en achetait 2890 tonnes à l’étranger et 1090 en France, elle a fait venir en 1904, 4385 tonnes de France et seulement 204 de l’étranger. Ajoutez la rémunération de 422 millions de capitaux français placés dans la colo-