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REVUE POUR LES FRANÇAIS

tions d’une féodalité naissante. Si les Espagnols eussent abordé quelques cent ans plus tôt aux rivages du Nouveau-Monde, ils auraient trouvé le territoire du Mexique actuel entièrement peuplé d’Indiens sédentaires et cultivateurs qui savaient utiliser habile ment le régime des eaux pour arracher d’abondantes moissons au sol généreux du Tropique. Ces Indiens « de pueblos ». amollis par la vie agricole, furent vaincus et soumis peu de temps avant l’arrivée de Cortès par trois tribus guerrières venues du Nord, qui agirent de concert afin de mener à bien leur entreprise conqué rante. De ces trois tribus, celle des Aztèques resta dominante, sans doute en raison de son rôle prépondérant dans la conception et l’exécution de la conquête commune. Le roi ou chef de guerre pour tout le pays était choisi dans ses rangs. L’armement des Aztèques était de choix. Ils possédaient des bannières personnelles qui rappellent le blason de la chevalerie germanique. Ils avaient de plus une institution qu’il importe de mettre en évidence parce qu’elle contient en germe toute l’organi sation féodale qu’on avait vu se développer dix siècles plus tôt sur le sol européen. Les dîmes qu’ils prélevaient étaient réparties suivant un plan sagace et parfois le collecteur aztèque s’établissait à demeure parmi les tributaires. Or c’est là le secret de ces relations sociales de notre moyen-âge qui ont porté le nom germanique de féodalité. Car ce collecteur aura nécessairement une sorte de burg près du vi liage dont il exerce la surveillance au nom dupeuple dominateur. Puis, par l’effet de l’accoutumance, il devien dra protecteur autant qu’ exacteur. Son intérêt même et son expé rience des ressources du lieu l’engageront à ne point tarir par une pression sans mesure la source des revenus de la race dominante qu’il représente. A l’occasion, il défendra ses administrés contre ses pairs. Puis encore, — le cours des siècles ayant fait œuvre de fusion, d’égalisation ethnique intellectuelle et morale — à une féo dalité de conquête succédera une nationalité désormais homogène et mûre pour l’égalité civique. Le clan et la tribu auront fait place à la nation.

III

Les Aztèques, pourvus de loisirs par leur situation prépondé rante, avaient réalisé une civilisation assez avancée. Ils ignoraient l’art de travailler le 1er : ils n’avaient pas la monnaie : mais ils fa