de discussion. Mais l’expérience humaine porte, en elle-même, de quoi s’expliquer, en satisfaisant la curiosité humaine jusqu’au bout. L’expérience se suffît à elle-même, dans le système de nos connaissances.
« Le profit ne paraîtra pas mince pour lever un obstacle qui a causé à beaucoup de graves soucis. Je veux parler des déclarations fameuses concernant l’avenir de notre connaissance de la nature, que Du Bois-Reymond, le célèbre physiologiste de l’Université de Berlin, a faites d’abord au Congrès des Naturalistes, à Leipzig, ensuite dans quelques mémoires plus étendus, et dont le point saillant est cet Ignorabimus tant commenté. Dans la longue polémique suscitée par cette parole, la victoire est restée, me semblet-il, à Du Bois-Reymond, car tous ses adversaires s’appuyaient sur le principe même dont il avait déduit son ignorabimus et ses conclusions valaient ce que vaut ce principe lui-même. Ce principe, qu’à ce moment personne ne songeait à mettre en discussion, c’est la conception mécanique de l’Univers ; c’est la supposition que le dernier stade auquel peut parvenir notre explication du monde est de le ramener à un système de points matériels en mouvement. Si ce principe disparaît, et il doit disparaître, comme nous l’avons vu, l’ignorabimus tombe, et la route se rouvre à la science. Je ne pense pas que cette conclusion étonne qui que ce soit : si j’en juge par moi-même, aucun physicien ou naturaliste n’a cru fermement à l’ignorabimus, sans en reconnaître peut-être le point faible, que je viens de signaler[1] ».
Cette profession de foi scientiste montre nettement combien la réforme de la physique générale préconisée par Ostwald est dans la tradition de l’esprit scientifique qui a régné sur la physique moderne, dans l’esprit et la manière de la Renaissance. La physique reste plus que jamais une description objective des faits, et leur systématisation mathématique.
- ↑ Id., p. 955
