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Page:Rey - La théorie de la physique chez les physiciens contemporains, 1907.djvu/224

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L’ANALYSE DES DOCTRINES.

limites définissent précisément le cercle des phénomènes connus jusqu’alors et où il s’appliquait effectivement. Au delà de ces limites, il faut faire intervenir de nouvelles définitions. Et notre esprit peut toujours s’arranger pour qu’elles soient compatibles avec l’applicabilité du principe de la conservation de la masse, dans les limites précitées. On considérera par exemple une fonction mathématique ou la variable reste fixe, pour les valeurs des paramètres déterminées par ces limites.

Si l’on voulait, à toute force, conserver le principe de la conservation de la masse, et le système de conventions qu’il implique, on le pourrait d’ailleurs. On imaginerait de nouvelles conventions complémentaires et des constructions très compliquées qui coïncideraient avec les résultats de l’expérience. Mais on préférera sans doute le laisser dans les limites d’applicabilité définies par les conditions pour lesquelles il fut inventé ; et là où il faudrait multiplier les artifices et les complications, on construira une définition nouvelle qui simplifiera et rationnalisera l’expérience d’une façon plus directe et plus immédiate. On complétera le système traditionnel par un nouveau principe, à moins que des expériences nouvelles ne nous permettent de conserver l’universalité du principe sans ces complications, ou même nous forcent à la conserver malgré les complications, pour représenter l’expérience d’une façon adéquate.

En résumé, on considérera d’abord qu’une partie de l’expérience — qui fut un moment toute l’expérience — est très bien exprimée et systématisée pour la raison, avec les conventions anciennes, abstraites de cette expérience, suggérées par elle, faites avec elle et pour elle. On trouvera ensuite qu’une autre partie de l’expérience — qui avait été ignorée jusque-là — sera très bien exprimée et systématisée pour la raison, avec des conventions nouvelles, abstraites de cette expérience nouvelle, suggérées par elle, faites avec elle et pour elle.

Rien n’aura infirmé le principe primitif. Il y aura seulement des faits où son application doit cesser, parce qu’ils ne présenteront plus à l’observation directe les éléments