qui s’est développé et enrichi dans la seconde moitié du XIXe siècle, celui que j’analyse ici, l’a-t-il suivi dans cette voie ?
2. — Poser la question, c’est l’avoir résolue. Il n’y a qu’à ouvrir n’importe quelle œuvre de l’un quelconque des grands physiciens mécanistes contemporains, pour voir que cette intransigeance et cette assurance dogmatiques sont répudiées. « Hypothèses fingo », tels sont les mots qui, à ce point de vue, résumeraient l’esprit actuel du mécanisme. Tous proclament que le cercle des certitudes est un infiniment petit en face du cercle des probabilités, celui-ci un infiniment petit à son tour en face du cercle des conjectures, indubitablement erronées ou insuffisantes, mais qu’on conserve en attendant mieux, et ce dernier enfin, un infiniment petit par rapport au cercle de l’inconnu.
Approximations, la plupart de nos formules, hypothèses, la plupart de nos représentations des phénomènes. La critique à laquelle on a soumis le mécanisme a eu ses bons côtés. Elle a forcé celui-ci à restreindre ses ambitions, à mieux préciser ce qu’il croit acquis, enfin à rétablir la souplesse, la liberté qui ne doivent jamais être exclues de la recherche scientifique. Le nouveau mécanisme donne raison à ses adversaires dans presque toute leur critique.
Une transformation, qui n’atteint en rien l’esprit général du mécanisme, tel qu’il a été défini dans le chapitre précédent, mais très sérieuse par ses conséquences et par l’aspect général qu’elle donne aux sciences physico-chimiques, s’est donc incontestablement accomplie. Le « nouveau mécanisme » est essentiellement libéral, et pour plusieurs raisons.
3. — a) La première et la principale, c’est qu’après l’enivrement bien naturel que produisirent les premiers succès de la science de la Renaissance, le bouleversement continuel auquel ont donné lieu les découvertes multipliées dans la suite a montré, en même temps que les difficultés et la complexité de l’éni.cfme à déchiffrer, les insuffisances des premières explications. Une science jeune affirme volontiers et hardiment ; l’expérience ne l’a pas encore mise en
