raison cartésienne, qu’ils voyaient ces prétendus résultats derniers de la méthode expérimentale, Le mécanisme rationnel et l’enchaînement déductif des idées avaient, sans qu’ils s’en doutent » pris la place des liaisons expérimentales et du déterminisme des choses. Ils étaient devenus cartésiens sans le savoir, tout en voulant rester empiriques, les représentations ayant progressivement fait place aux concepts purs. Au fond la seule garantie des principes premiers qui servaient de fondement à la physique, était une intuition rationnelle. La croyance en la simplicité et en la symétrie des phénomènes naturels, simplicité et symétrie prises en valeur absolue, résumait en gros cette intuition. Les exigences de clarté et de distinction qui appartiennent à l’esprit s’objectivaient d’elles-mêmes, et la réalité était conçue sans qu’on s’en rendît compte, comme la cristallisation des conceptions de l’entendement. De là, l’accord profond entre le mécanisme et le rationalisme au xviie siècle, au xviiie et pendant toute la première moitié du xixe siècle. Cournot, bien qu’il ait subi l’influence de Kant et de la critique philosophique du xviiie siècle, bien qu’il ait senti très profondément la complexité de la réalité, représente encore cette manière de voir qui fond en quelque sorte l’intuition rationnelle et l’intuition expérimentale en un même tout indivisible. « L’ordre rationnel tient aux choses considérées en elles-mêmes… Les idées de la raison et l’essence des choses pourraient résider dans une intelligence qui n’aurait pas la même constitution psychologique (que la nôtre). »
Au fond, il restait dans la pratique scientifique beaucoup de cette tendance qui engendra la philosophie du concept, puis, bien qu’en réaction très forte contre celle-ci, le dogmatisme cartésien. L’idée, comme la représentation empirique, est une perception de l’objet. L’intelligibilité est une expérience en son genre. Entre l’expérience sensible et l’expérience intellectuelle, il y a continuité, identité.
4. — C’est à cette conception que l’esprit actuel de la physique semble avoir renoncé à jamais.
Non point qu’il rompe en visière, comme on l’a dit trop
