Je le répète : la valeur probante de ces arguments de l’une et l’autre espèce n’a rien à faire ici ; il ne s’agit que de leur nature logique. Or, il faut remarquer que dans la poursuite de ce problème, le raisonnement subit une transformation. Au premier moment, il est purement imaginatif ; le désir engendre et organise une croyance ; le vrai croyant, celui qui pose son besoin de toujours vivre comme nécessaire, s’en tient là ; il est sourd à toutes les attaques. Au second moment, quand le doute s’est insinué, le raisonnement n’est plus un instrument de conjecture pour découvrir, mais un effort pour démontrer, il devient une justification, un plaidoyer — forme spéciale que nous étudierons plus loin ; il reste affectif dans son fond, mais en prenant les allures et le masque de la logique rationnelle. Ce changement mérite d’être noté. Il montre l’impossibilité d’une classification rigoureuse des raisonnements affectifs. Le raisonneur passe sans scrupule d’une forme à une autre, les emploie toutes indistinctement, pourvu qu’elles concourent à ses fins.
II. L’art de la divination est l’œuvre la plus considérable que le raisonnement imaginatif ait construite et l’effort le plus acharné pour résoudre par des procédés extra-rationnels des questions auxquelles la logique rationnelle ne répond pas. Il remonte à la plus haute antiquité et se rencontre partout. Les aborigènes du Nouveau-Monde l’ont inventé comme leurs frères de l’Ancien-Monde. Il a été appliqué à tous les actes de la vie privée