étranger à l’idéal. Aussi cette thèse sentimentale n’a valu que dans un milieu restreint et un temps restreint.
On déduit encore du principe premier la nécessité d’une ascension lente et progressive vers l’idéal rêvé. Elle compte quatre degrés qui ont leurs marques propres et leurs faveurs spéciales. On est tour à tour « hésitant », « priant », « écouté », et enfin « ami ».
Sans insister, l’existence d’un Code d’amour chevaleresque en trente articles qu’on possède encore, montre que les chevaliers du xiie siècle n’étaient pas si loin des scolastiques. Ce qu’il importe de remarquer, c’est que la marche du raisonnement est celle de la logique rationnelle : il n’y a pas une fin posée d’avance qu’on justifie, mais un principe posé comme incontestable dont on déduit toutes les conséquences. Toutefois comme la source de toutes les déductions est de nature sentimentale, la rationalité n’est que la forme ; c’est un moule qui solidifie et façon ne une matière affective.
III. Les modes de la vie affective sont si peu fixés qu’on en est réduit aux distinctions vagues de la langue courante. La haine, l’envie, la jalousie ne sont guère définies que d’une façon littéraire ; mais leurs caractères spéciaux, physiologiques et psychologiques (s’il y en a) ne sont établis ni par des faits ni par des descriptions précises qui les différencient nettement. Admettons, simplement à titre d’hypothèse, que la haine est un genre ; qu’elle a pour caractères une antipathie consciente ou