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demandé si les sensations organiques peuvent survivre et revivre sous la forme d’images. Cette question obscure a été peu étudiée et par suite n’est pas tranchée. Or, pour les sensations kinesthétiques, le doute n’est pas possible sur ce point.

En somme, les sensations de mouvement occupent une position intermédiaire entre les sens spéciaux et les sensations purement organiques.

Si l’on excepte les sensations de poids et de résistance qui sont de nature mixte, parce qu’elles impliquent les sensations cutanées ; si l’on excepte encore les individus du type moteur chez qui la conscience des mouvements et de leurs images est d’un ordre supérieur[1], chez la moyenne des hommes, cette conscience est assez vague et ressemble à une sensation plutôt qu’à une perception proprement dite, c’est-à-dire à un phénomène nettement déterminé, localisé et objectivé. Il en résulte que le plus souvent les images motrices n’ont guère de chances d’appartenir à la catégorie des états vifs.

  1. Comme exemple de ce type, je rappellerai les observations si curieuses que Stricker a faites sur lui-même. On les trouvera exposées en détail dans la Revue Philosophique (cf. 1883, t. XVI, p. 188).