Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/33

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

reté qui est la marque de toute habitude parfaite. Il est clair, d’ailleurs, que le tempérament et le caractère importent ici encore plus que l’éducation.

Il n’est donc pas surprenant qu’une tempête cède devant de froides idées, devant des états de conscience dont la tendance motrice est assez faible : c’est qu’il y a par derrière eux une force accumulée, latente, inconsciente, comme nous venons de le voir.

Pour comprendre cet apparent miracle, il ne faut pas considérer l’adulte éduqué, réfléchi, mais l’enfant. Chez celui-ci (le sauvage, l’homme mal dégrossi ou inéducable s’en rapprochent), la tendance à l’acte est immédiate. L’œuvre de l’éducation consiste justement à susciter ces états antagonistes : et il faut entendre par éducation aussi bien celle que l’enfant doit à sa propre expérience que celle qu’il reçoit d’autrui.

Je crois d’ailleurs inutile de montrer que tous les sentiments qui produisent un arrêt : crainte ou respect des personnes, des lois, des usages, de Dieu, ont été à l’origine et restent toujours des états dépressifs, qui tendent à diminuer l’action.

En somme, le phénomène d’arrêt peut s’expliquer, d’une manière suffisante pour notre dessein, par une analyse des conditions psychologiques où il se produit, quelque opinion qu’on