Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/53

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déprimante, qui serait forcé d’être témoin d’une injure ou d’un outrage infligé à quelque objet de sa tendresse : il maudit le sortilège qui l’enchaîne et lui interdit le mouvement ; il se débarrasserait de sa vie s’il pouvait seulement se lever et marcher ; mais il est impuissant comme un enfant et ne peut même essayer de se mettre sur pied[1]. »

Je terminerai par une dernière observation, — un peu longue, la plus longue que je connaisse, mais qui montrera la maladie sous tous ses aspects. Elle est rapportée par Billod dans les Annales médico-psychologiques.

Il s’agit d’un homme de soixante-cinq ans, « d’une constitution forte, d’un tempérament lymphatique, d’une intelligence développée surtout pour les affaires, d’une sensibilité médiocre. » Très attaché à sa profession de notaire, il ne se décida à vendre son étude qu’après de longues hésitations. À la suite, il tomba dans un état de mélancolie profonde, refusant les aliments, se croyant ruiné et poussant le désespoir jusqu’à une tentative de suicide.

Je ne néglige, dans ce qui suit, que quelques détails purement médicaux ou sans intérêt pour nous, et je laisse parler l’observateur :

« La faculté qui nous a paru le plus notable-

  1. Th. de Quincey, Confessions, etc., p. 186, 188.