Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/63

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n’ait traversé des heures d’affaissement où toutes les incitations, extérieures et intérieures, sensations et idées, restent sans action, nous laissent froids. C’est l’ébauche de l’« aboulie ». Il n’y a qu’une différence du plus au moins et d’une situation passagère à un état chronique.

Si ces malades ne peuvent vouloir, c’est que tous les projets qu’ils conçoivent n’éveillent en eux que des désirs faibles, insuffisants pour les pousser à l’action. Je m’exprime ainsi pour me conformer à la langue courante ; car ce n’est pas la faiblesse des désirs, à titre de simples états psychiques, qui entraîne l’inaction. C’est là raisonner sur des apparences. Comme nous l’avons montré précédemment, tout état du système nerveux correspondant à une sensation ou à une idée, se traduit d’autant mieux en mouvement qu’il est accompagné de ces autres états nerveux, quels qu’ils soient, qui correspondent à des sentiments. C’est de la faiblesse de ces états que résulte l’aboulie, non de la faiblesse des désirs, qui n’est qu’un signe.

La cause est donc une insensibilité relative, un affaiblissement général de la sensibilité ; ce qui est atteint, c’est la vie affective, la possibilité d’être ému. Cet état morbide lui-même, d’où vient-il ? C’est un problème d’un ordre surtout physiologique. À n’en pas douter, il y a chez ces malades une dépression notable des