Page:Ribot - Les Maladies de la volonté.djvu/67

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ques-uns de ces cas sont d’un caractère indécis, et il est difficile de dire s’ils dénotent une maladie de la volonté seule[1].

L’observation suivante fait la transition d’un groupe à l’autre : à vrai dire, elle appartient aux deux.

Un homme, à l’âge de trente ans, se trouve mêlé à des émeutes qui lui causent une grande frayeur. Depuis, quoiqu’il ait conservé sa parfaite lucidité d’esprit, qu’il gère très bien sa fortune et dirige un commerce important, « il ne peut rester seul ni dans une rue ni dans sa chambre ; il est toujours accompagné. Lorsqu’il est hors de chez lui, il lui serait impossible de rentrer seul à son domicile. S’il sort seul, ce qui est très rare, il s’arrête bientôt au milieu de la rue et y resterait indéfiniment sans aller ni en avant ni en arrière, si on ne le ramenait. Il paraît avoir une volonté, mais c’est celle des gens qui l’entourent. Lorsqu’on veut vaincre cette résistance du malade, il tombe en syncope[2]. »

Plusieurs aliénistes ont décrit récemment sous les noms de peur des espaces, peur des

  1. Il est bon de faire remarquer une fois pour toutes que, n’étudiant ici que les désordres exclusivement propres à la volonté, nous avons dû éliminer les cas où l’activité psychique est atteinte dans sa totalité et ceux où les désordres de la volonté ne sont que l’effet de la traduction du délire intellectuel.
  2. Billod, loc. cit., p. 191.