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LA PHILOSOPHIE EN ÉCOSSE AU XVIIIe SIÈCLE ET LES ORIGINES DE LA PHILOSOPHIE ANGLAISE CONTEMPORAINE




L’histoire de ce qu’on a appelé non sans quelque raison l’École Écossaise n’est plus en France un sujet neuf. Elle a été une matière de prédilection pour les plus distingués des philosophes de l’École spiritualiste ; les Fragments de Royer-Collard, l’Introduction de Jouffroy à l’œuvre de Reid avec les précieux documents qui y sont joints (notamment la Vie de Reid par Dugald-Stewart) (1818-1836), la Critique de la philosophie de Reid par Ad. Garnier (1840), le Cours de V. Cousin professé en 1819 et 1820, publié vingt ans après et qui est peut-être l’ouvrage qui lui fait le plus d’honneur, enfin les remarquables articles que M. de Rémusat a insérés dans la Revue des Deux-Mondes sur l’École écossaise, sur Shaftesbury son précurseur, et Hamilton, son dernier représentant, offrent à ceux qui veulent étudier cette branche si vigoureuse de la philosophie anglaise des ressources presque suffisantes. Les articles de M. de Rémusat en particulier ne laissent que peu à désirer aux plus exigeants pour l’abondance et la précision des renseignements historiques ; ils nous présentent un côté de l’histoire que V. Cousin avait un peu négligé, la vie écossaise, le milieu social d’où cette philosophie vraiment originale s’est peu à peu dégagée, le mouvement politique et religieux auquel le mouvement intellectuel des universités écossaises se rattache étroitement. Mais cet exposé, pour être vivant, ne cesse pas d’être philosophique ; il embrasse dans des vues d’ensemble, avec une grande aisance et une grande lucidité, cette phase si complexe de l’histoire des idées qui, depuis le commencement du siècle dernier jusqu’au milieu du nôtre, prépare par tant de noms éminents et tant de curieux ouvrages l’avènement de la philosophie anglaise contemporaine. Un vif sentiment des nuances, une critique qui craint de trop abonder dans son propre sens et fait sur elle-même un con-