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XI. La psychologie mathématique, qui n’a actuellement qu’un seul représentant : M. W. Drobisch, mon honorable professeur de Leipzig. Il y a donc peu d’espoir de la voir traitée par le congrès. En revanche, on s’y occuperait peut-être d’une psychologie de la mathématique.

XII. Enfin l’histoire de la psychologie, complètement délaissée par la science moderne. Nous n’avons que trois manuels de ce genre, et d’une valeur fort différente : celui de G. Carus (1808), œuvre consciencieuse, riche en détails, mais dont l’exposition s’arrête au seuil de notre siècle et qui a vieilli depuis ; celui du professeur Harms (1877), qui mériterait des éloges s’il eût été publié un demi-siècle plus tôt (il suffit de dire que pour M. Harms la psychologie est encore une science métaphysique et que pour lui la psychologie expérimentale n’existe guère). Quant au siècle présent, il existe un essai volumineux sur la psychologie allemande (et anglaise) de M. Troicki, qui a rendu de grands services à la littérature russe, et les deux volumes bien connus de M. Ribot, qui ont trouvé leur complément désirable dans la Philosophie expérimentale en Italie de M. Espinas, livre fort utile, auquel je ne ferai qu’un seul reproche, celui de porter un titre contradictoire. Un compte rendu semblable sur la psychologie Française contemporaine attend son auteur.

En énumérant les divisions ci-dessus, je n’ai nullement l’intention de proposer au congrès la constitution d’autant des sections différentes. Il se peut qu’il n’en constitue qu’une seule. Cela dépend évidemment du nombre d’assistants et de leur décision ; il serait donc superflu de s’en occuper d’avance. Mon but a été seulement de signaler les directions diverses dans le vaste domaine des recherches psychologiques et de faire voir qu’il ne manquerait au congrès ni des matières à discussion, ni des savants pour les discuter.

Faut-il encore insister sur les avantages d’un congrès international’! Ils sont, ce me semble, évidents. D’abord, l’instruction mutuelle des psychologues, avantage fort à souhaiter, depuis surtout qu’on s’est convaincu qu’il n’est plus possible pour un seul homme d’être également versé dans toutes les questions psychologiques. Ensuite, au moyen d’un congrès, on parviendrait facilement à conquérir pour la psychologie la participation d’autres spécialistes, c’est-à-dire à renouer les liens qui unissent la psychologie avec les autres sciences inductives, et à réaliser sa mise en harmonie avec les découvertes récentes, à quelque ordre qu’elles appartiennent. Enfin, — ce qui, à mon avis du moins, serait un bienfait pour la science, — on finirait par engager le public instruit et qui s’intéresse aux études de psychologie à noter les observations quotidiennes, conformément aux indications méthodiques et aux questionnaires