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les règles. Après vient un chapitre consacré au développement de cette proposition, qui en forme le titre, que les conditions vitales du cerveau et de sa fonction sont les mêmes que celles des autres organes et de leurs fonctions. Ensuite viennent des chapitres sur la pathologie cérébrale et l’âme, la mémoire et la personnalité. Dans le second volume, M. Ferrière étudie les rapports du développement du cerveau et du progrès de l’âme, dans la série animale et chez l’homme ; ensuite il compare entre elles l’âme de l’homme et celle des animaux. Après vient un chapitre sur l’embryogénie et l’âme et sur les rapports des résultats de la science avec l’hypothèse spiritualiste et l’hypothèse physiologique. Le volume se termine par trois chapitres consacrés à des considérations générales et à la discussion de la théorie spiritualiste, et par une conclusion qui aboutit à déclarer l’âme une fonction du cerveau. Un appendice contient plusieurs notes sur différents points se rapportant au sujet général de l’ouvrage.

L’ouvrage de M. Ferrière est intéressant et clair ; la composition est assez bonne, sans être parfaite. Quelques parties font longueur. Les cinquante pages consacrées à l’embryogénie auraient put-être considérablement réduites sans aucun inconvénient. Le style est net et riche. Des résumés, placés à la fin de chaque chapitre, empêchent l’imagination de s’égarer. Le principal mérite du livre est assurément de présenter, rassemblés et or donnés un assez grand nombre de faits et de doctrines éparses dans un assez grand nombre d’ouvrages. Mais, de ces faits et de ces doctrines, M. Ferrière n’a rien tiré qui lui fût personnel.

Pour ce qui est de l’ensemble de l’ouvrage on peut reprocher à M. Ferrière de ne pas s’être suffisamment expliqué sur le but qu’i poursuivait. Qu’est-ce qu’une substance ? M. Ferrière ne nous le dit pas, il ne paraît pas se douter des difficultés que soulève ce mot et semble ignorer l’existence du phénoménisme. M. Ferrière s’est borné en somme à exposer les rapports généraux du cerveau et de l’esprit. Ce n’est pas là avoir approfondi le problème métaphysique qu’il semblait poursuivre. Il nous faudrait au moins trouver une théorie des rapports des substances et de leurs attributs.

Si nous examinons l’ouvrage dans ses détails, nous trouverons encore plusieurs critiques à faire.

D’abord M. Ferrière ne se préoccupe pas toujours suffisamment de mettre d’accord entre elles les diverses théories qu’il emprunte à différents auteurs. Nous lisons vol.  I, p. 190 : « La démence n’est jamais primordiale ; elle est toujours consécutive à un état d’aliénation antérieure. Elle est incurable. » Et, même volume, p. 218 : « La démence peut être primitive ou consécutive. 1o  Dans le premier cas, elle survient d’emblée avec les caractères qui lui sont propres ; elle surprend l’individu au milieu même de la santé morale et physique. 2o  Dans le second cas, elle succède à une autre forme d’aliénation. » — De même nous lisons I, vol.  I, p. 258 : « La parole est la pensée extérieure, de